« Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. » (Lire Ésaïe, L, 4-fin.)
« Nous savons : » saint Paul le savait; et nous? Ah ! nous le savons comme on sait toute leçon apprise de la Parole de Dieu; est-ce à dire que nous le sachions dans notre coeur, que nous le croyions ? « Crois-tu cela? »
«Oui, Seigneur, » répond le disciple avec la paix qu'éprouvait la soeur de Lazare en faisant la même réponse à la même question. Je le crois, bien que la leçon soit parfois dure à apprendre, et que mon incrédulité se joigne souvent à la souffrance de mon coeur et au trouble de mon esprit, pour m'empêcher de sentir sur l'heure que chaque épreuve, petite ou grande, cache un dessein d'amour qui la fait concourir à mon bien.
Il est relativement aisé de comprendre que les grandes épreuves de la vie, les deuils, les séparations, la maladie, la pauvreté, l'affliction, quelque forme qu'elle revête, quelque souffrance qu'elle nous fasse éprouver, concourent à notre bien éternel en « produisant en nous un fruit paisible de justice. » « Celui qui sème dans les larmes moissonnera avec chant de triomphe » : voilà une promesse qui a donné la paix et une douce soumission à des coeurs labourés par une douleur profonde.
Mais il est dans la vie une foule de petites circonstances où le « nous savons » de saint Paul est plus difficile à prononcer; précisément parce que ces circonstances étant petites, souvent insignifiantes aux yeux de ceux qu'elles ne concernent pas directement, on n'ose pas toujours leur donner l'importance de véritables épreuves.
Nous comptions sur une joie : elle nous est - refusée - par un concours d'événements que nous savons bien, au fond, être voulus de Dieu, mais dans lesquels nous avons grand'peine à ne pas voir uniquement les causes secondes; - nous pensions avoir arrangé notre vie d'une manière qui nous mettait le coeur au large pour l'accomplissement de nos devoirs et semblait nous promettre les meilleurs résultats quant à notre âme : tout à coup, nous découvrons que, par quelque motif auquel nous n'aurions pu songer, les choses tournent tout autrement que nous n'avions espéré; - nous avons reçu du Seigneur de riches bénédictions, nous sommes entourés d'affections qui font notre bonheur et nous imposent les plus doux devoirs : et voilà qu'une épreuve quelconque vient se placer à côté de ces bénédictions mêmes, et nous empêche d'en jouir comme nous l'aurions fait, nous semble-t-il, avec tant de reconnaissance.
Eh bien, ces épreuves-là risquent peut-être beaucoup plus de nous faire tomber dans le murmure ou dans l'impatience que des afflictions plus grandes.
Mais voici ce qui peut, mieux que toute autre chose, nous faire du bien dans ces moments pénibles : « Toutes choses, » - non pas seulement les grandes choses, - « toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu. » Dieu compte les cheveux de notre tête; il sait donc ce qui nous arrive, et lui-même nous dit : « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, tu le sauras dans la suite. » Que cela nous suffise.
PRIERE.
Aide-nous, Seigneur, à mettre en pratique, dans les détails de notre vie, notre foi et notre confiance en toi. Tu sais qu'il nous est bien souvent difficile de croire que tes dispensations à notre égard, quelles qu'elles soient, concourent à notre bien, et pourtant nous désirons non-seulement le croire, mais le sentir, puisque ta Parole nous l'assure. Apprends-nous à compter sur ta bonne providence dans les plus petites choses; donne-nous de nous en remettre à toi, simplement et filialement, du soin de pourvoir à tout ce qui nous concerne, et de nous faire retirer un fruit paisible de justice de tous les moments où il nous faut marcher contre notre volonté. Entends et exauce notre prière pour l'amour de Jésus. Amen.