1 THESSALONICIENS, V, 6.

Le sommeil spirituel.

(Lire Ézéch., XXXVII, 1-14.)

 

En quoi consiste le sommeil? - D'abord, dans un état d'ignorance. Celui qui dort ne sait rien de ce qui se passe autour de lui; les idées circulent, les faits s'accomplissent, le temps se passe : il ne s'en aperçoit pas, il ne sait pas même qu'il dort, par conséquent il ne désire pas même se réveiller. - C'est ensuite un état d'indifférence. Celui qui dort ne s'intéresse à rien; on lui apporterait les nouvelles les plus émouvantes, on l'appellerait, on le supplierait, on l'entourerait de caresses ou de menaces, tout cela inutilement; aussi longtemps qu'il ne sera pas éveillé, on n'obtiendra de lui qu'une attention d'un moment, une oreille distraite, une réponse incohérente, puis il retombera dans son sommeil, et plus ce sommeil sera profond, plus son indifférence sera complète. - Un troisième trait du sommeil est l'inaction.

Celui qui dort n'est capable de rien, pas même de vouloir; les affaires les plus urgentes, les devoirs les plus impérieux, le réclament en vain. - Enfin., le sommeil consiste en un état d'impuissance. Celui qui dort est livré sans défense à toutes sortes de dangers, et cela d'autant plus absolument qu'il n'en a nulle conscience. On peut lui ravir ses trésors les plus chers, le lier de chaînes, le réduire en esclavage et même lui ôter la vie; aussi longtemps qu'il dormira il n'opposera pas la moindre tentative de défense aux mauvais desseins de ses ennemis; trop heureux, semble-t-il être, qu'on le laisse dormir.

A ces différents traits, n'est-il pas facile de reconnaître l'état d'une âme qui vit loin du Sauveur et de sa grâce? Elle vit, oui : mais de quelle triste vie et dans quelles tristes conditions !Ignorance, indifférence, inaction, impuissance : comme il est vrai de dire d'une telle âme qu'elle dort ! Et pourtant, il y a pour cette âme des choses à savoir, des intérêts pressants à sauvegarder, une oeuvre à faire en elle-même, et autour d'elle; il y a des dangers à éviter, des assauts à soutenir, car « le diable, notre ennemi, tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. » Et si le pécheur endormi ne se hâte de secouer son sommeil, il lui sera fatal, et le réveil ne viendra que trop tard.

Pour nous, si nous avons le bonheur d'être à Christ, si « nous ne sommes plus des enfants de la nuit et des ténèbres, » saisissons l'avertissement de saint Paul, et « ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres.» Nous n'avons plus le droit de dormir, pas même pour nous reposer; le repos viendra quand les dernières ténèbres nous auront fermé les yeux et que nous « dormirons en Jésus. » Mais d'ici là il faut veiller, et, pour pouvoir veiller, être sobres; « veillez sur vous-mêmes, de peur que « vos coeurs ne soient appesantis. »

 

PRIERE.

Fais-nous entendre dans le fond de notre âme, ô notre Dieu, l'appel de ta Parole : Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera. Aide-nous à secouer courageusement l'engourdissement spirituel qui s'empare si vite de nous. Fais-nous penser, parler, agir, comme des chrétiens réveillés, qui sentent l'importance de racheter le temps, de ne pas perdre un seul moment dans la recherche d'eux-mêmes ou de la vanité, dans l'oisiveté, dans l'indifférence, et qui savent que, n'étant plus à eux-mêmes, ils n'ont pas le droit de se reposer avant que leur Maître les fasse entrer lui-même dans son repos. Réveille ceux qui dorment, et vivifie ceux que tu as déjà appelés à ta connaissance; nous L'en supplions, Seigneur, pour l'amour de Jésus. Amen.


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