PHILIPPIENS, I, 20-24.

Le désir de la mort.

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Il n'est pas rare d'entendre des personnes très éprouvées dire que la mort serait pour elles une délivrance et que « leur désir tend à déloger. » Parmi ces personnes, il en est chez lesquelles on peut, en quelque mesure, comprendre ce sentiment, parce qu'elles ont trouvé en Jésus la paix de leur âme et que la mort sera pour elles une messagère de bonnes nouvelles. Mais il en est d'autres qui sont étrangères au Seigneur et à sa grâce, et qu'on entend souvent répéter que Dieu serait bon pour elles s'il les ôtait du monde. Quelle illusion, et quelle erreur funeste! En parlant ainsi, ces personnes montrent qu'elles ont lieu, au contraire, de craindre la mort, parce qu'elles n'ont pas pris au sérieux les menaces terribles de la Parole de Dieu contre ceux qui ne fuient pas la colère à venir en recourant à Jésus.

Quelles que soient pour les inconvertis les misères, les épreuves, les douleurs de la vie, elles ne sont pas comparables à celles qui les attendent « dans l'étang ardent de feu et de soufre qui est la mort seconde (1). » Voilà ce que la vraie charité doit porter les enfants de Dieu à proclamer autour d'eux; voilà la conviction qui les empêchera surtout de répéter avec le monde, en parlant de la mort de quelque enfant du monde douloureusement éprouvé ici-bas, que Dieu a agi dans sa miséricorde en mettant un terme à sa vie terrestre. Les témoignages de la compassion de Dieu ne lui auront pas fait défaut, nous pouvons en être sûrs; mais que le moment de la mort ait été pour lui un moment de miséricorde, non; de justice, oui.

Mais en considérant ainsi le désir de la mort, nous nous écartons du point de vue auquel se plaçait saint Paul quand il disait : «Mon désir tend à déloger et à être avec Christ, ce qui me serait beaucoup meilleur.» Le chrétien peut souhaiter la mort; il peut dire, et dire avec ardeur : « Viens, Seigneur Jésus, viens; » mais il y a une grande différence entre le désir « d'être avec Christ, » et la fatigue ou le découragement qui faisait dire à Élie, dans un moment de faiblesse: «C'est assez, ô Éternel, prends maintenant mon âme, » et à Jonas: « La mort m'est meilleure que la vie. » Dieu blâma ce désir des deux prophètes; il dit à Élie : «Que fais-tu ici? » et à Jonas : « Fais-tu bien de t'affliger ainsi?), parce qu'il n'approuve jamais le découragement ou le dégoût de la vie, qui viennent de la paresse ou d'un mécontentement personnel.

Tels n'étaient pas les sentiments de saint Paul, aussi était-il dans une bienheureuse incertitude; il se demandait ce qui lui valait mieux : mourir pour être avec Christ, ou vivre afin de travailler pour Christ. Heureusement pour lui, il n'était pas chargé de résoudre cette difficulté. Nous ne le sommes pas non plus en ce qui nous regarde; mais ce que nous avons à faire, c'est d'être assez réellement détachés de la terre pour aspirer à être avec Christ, et pour pouvoir dire avec saint, Paul : « Christ sera glorifié soit par ma vie, soit par ma mort. » Alors Christ sera vraiment notre vie, dès ici-bas et pour jamais, et la mort sera vraiment pour nous un gain, et le plus grand des gains!

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, tu sais que ce sujet de la mort, sans être pour ton enfant effrayant ou triste, est un sujet solennel; donne-nous pourtant d'y revenir assez souvent pour qu'il nous devienne familier et qu'il exerce une influence bénie sur nos pensées comme sur notre vie extérieure. Nous voulons nous affectionner assez réellement aux choses qui sont en haut, où Christ est assis à ta droite, pour que le désir d'être avec Christ domine dans notre âme; mais nous te prions de te servir de notre vie terrestre, aussi longtemps que nous serons ici-bas, pour ta gloire et pour l'avancement de ton règne. Fais de nous, Seigneur, ce que tu jugeras bon; mais accorde-nous cette grâce que, conduits sur la terre par ton conseil, nous soyons à notre mort reçus dans ta gloire, à cause de ton amour pour nous en Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Apoc, XXI, 8.