ROMAINS, XII, 11.

La ferveur d'esprit.

(Lire Apoc., III.)

 

Être fervent d'esprit, c'est être un chrétien vivant; et l'on n'est un chrétien vivant que lorsqu'on est plein d'ardeur, de vie spirituelle, d'amour pour le Seigneur; lorsqu'on entretient soigneusement la communion de l'âme avec son Dieu; lorsqu'on est dans cette heureuse disposition qui fait trouver tout facile s'il s'agit du service de Dieu, parce que c'est d'un coeur joyeux et d'un ferme courage qu'on marche même dans un chemin hérissé de difficultés, pour glorifier son Sauveur et avancer son règne sur la terre. Ce mot «fervents, » qui pourrait être traduit plus littéralement par « bouillants, » nous rappelle les solennelles paroles du Seigneur à l'Ange de l'Église de Laodicée : « Oh! si tu étais froid ou bouillant ! ... Mais parce que tu es tiède, je te vomirai de ma bouche (1) ! »

La tiédeur religieuse, quelle plaie dans l'Église et quel danger pour l'âme! On a reçu du Seigneur des appels et des grâces, on sait tout ce qu'il faut savoir, on a compris jusqu'à un certain point son état de péché et l'oeuvre de rédemption accomplie par Jésus-Christ, on a peut-être même pris l'habitude d'une certaine activité religieuse : mais on s'en tient là, et à cause de ce que l'on possède on ne se fait aucune idée de ce qui manque encore; on dit : «Je suis riche, je me suis enrichi, je n'ai besoin de rien,» et l'on ne connaît pas qu'on est « malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu. » Point de vie intérieure et cachée avec Christ en Dieu, point d'énergie spirituelle, point de dévouement au Seigneur, de renoncement à soi-même et au monde. Eh bien ! la situation de ces tièdes est bien plus dangereuse et offre bien moins de ressources que celle des incrédules déclarés, de ceux qui, à l'égard de l'Évangile, sont froids.

Ceux-là, du moins, ne se font pas d'illusions, ils n'essayent pas de se croire chrétiens; aussi le moment peut-il venir où, quelque circonstance bénie de Dieu réveillant leur conscience et ouvrant leurs yeux, ils voient et sentent ce dont ils ne se sont jusqu'alors fait aucune idée; tandis qu'il est impossible d'avoir prise sur des coeurs blasés. « Quand le sel a perdu sa saveur, avec quoi la lui rendrait-on?» Ah ! n'est-il pas vrai que la recommandation de saint Paul : « Soyez fervents d'esprit,» est une de celles que nous avons le plus besoin de prendre au sérieux et de mettre en pratique? Soyons fervents, c'est le seul moyen d'éviter la tiédeur; et pour être fervents, « veillons et prions» sans cesse. Vivons sous le regard du Seigneur, lui rapportant toute notre vie, pensant, parlant, agissant, en lui et dans le désir de le glorifier. Ainsi nous serons « toujours joyeux, » ainsi nous serons fervents, ainsi nous serons fidèles.

 

PRIÈRE.

0 notre Dieu! préserve-nous de perdre jamais de vue tes déclarations terribles aux chrétiens tièdes, et préserve-nous du malheur de tomber nous-mêmes dans la tiédeur. Vivifie-nous, réchauffe-nous, rends-nous fervents et actifs par ton Esprit! Tu as daigné mettre en nous le principe de la véritable vie, tu t'es révélé à nous en Jésus, tu nous as donné de croire à ton amour et de souhaiter d'y répondre par notre amour et notre dévouement - fais-nous la grâce de ne pas nous borner à ces désirs, mais que, comptant sur toi et sur ton secours, nous redoublions de foi, de prière, d'ardeur, chaque fois que nous sentons la langueur approcher de notre âme. Ceins nos reins de force et fortifie nos bras; rends-nous fermes et inébranlables, rends-nous, en toutes circonstances, fervents d'esprit, servant le Seigneur, nous t'en supplions pour l'amour de Jésus. Amen.


Table des matières

1. Apoc., III, 15, 16.