I THESSALONICIENS, V, 16.

La joie chrétienne.

(Lire Phil., IV.)

 

Comment est-il possible d'être « toujours joyeux? » demande le monde; et comment l'Évangile, qui parle tant des épreuves dont la carrière chrétienne est semée, peut-il prescrire à ses disciples la joie, et une joie constante? La réponse à cette objection se trouve dans les paroles de Jésus : « Je vous ai dit ces choses afin que ma joie demeure en vous et que votre joie soit parfaite, » qui nous rappellent que la joie chrétienne n'est nullement une joie terrestre. Les hommes se font du bonheur de bien fausses idées; ils le cherchent dans les circonstances extérieures, dans l'accomplissement de leurs souhaits, dans la satisfaction de leur volonté, et il n'est pas rare d'entendre dire : Si j'avais telle ou telle chose, je serais parfaitement heureux. Il en résulte que les chagrins ou les difficultés de la vie allant souvent à l'encontre de leurs désirs ou à la traverse de leurs plans, ils se trouvent malheureux et regardent comme une utopie la joie constante recommandée aux chrétiens.

Mais celle que nous proposent Jésus et son apôtre Paul est tout autre chose que ce que le monde appelle joie. Elle a son principe dans la conviction intime et inébranlable que Dieu aime et bénit son enfant en Jésus, et son aliment dans la reconnaissance, entraînant le renoncement à soi-même et l'acceptation filiale et franche de la volonté du Seigneur, quelque opposée qu'elle puisse être à la nôtre; disons plutôt que le chrétien qui cherche et aime cette volonté divine, arrive à n'avoir plus, lui, de volonté propre, parce qu'il confond complètement la sienne avec celle de son Père céleste : et voilà le secret de sa joie. Puisque, après tout, la volonté de Dieu est toujours souveraine et victorieuse, plus nous nous unirons étroitement à elle, plus aussi nous serons victorieux des circonstances qui semblent nous être contraires, et plus nous serons capables, même dans les afflictions, de jouir, de l'amour et des compassions de notre Dieu.

Prenons exemple sur Jésus, dont. la vie a toujours été une vie d'épreuves, de renoncement et de crucifiement, une vie déchirée comme la terre n'en vit jamais de semblable. Dans toutes ses douleurs, lui., « l'homme de douleurs, » était « toujours joyeux, » d'une joie sérieuse et sainte. La joie qu'en partant il voulait donner à ses disciples, il l'appelait «ma joie, » et la paix qu'il leur laissait, il l'appelait « ma paix. » C'est que pour lui qui pouvait dire : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre, » tout était doux et facile dans l'accomplissement de cette volonté paternelle. Il faut que les enfants de Dieu en arrivent là par la puissance du Saint-Esprit. Si nous envisageons de cette manière le Précepte : « Soyez toujours joyeux, » nous n'y trouverons plus de difficultés, et nous serons de plus en plus convaincus que la joie chrétienne n'est pas une vaine chimère. La Parole de Dieu ne nous la prescrirait pas si elle était impossible. « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je vous le dis encore : réjouissez-vous. »

 

PRIÈRE.

Pour que nous puissions nous réjouir en toi d'une joie ineffable et glorieuse, Seigneur notre Dieu, détache-nous de la terre, détache-nous de nous-mêmes et fais de notre joie la joie du Saint-Esprit! Que ce soit une joie Indépendante des circonstances humaines, un fruit de notre amour pour toi et pour ta sainte volonté! Que ce soit une joie réelle et une joie constante, qui nous fasse franchir les obstacles et courir vers le but, qui nous rende capables de te glorifier en montrant aux mondains que tes enfants ont raison quand ils disent que le bonheurnese trouve que dans la vraie piété. Aide-nous à rendre ce témoignage à ton saint Évangile, qui nous donne la joie, que nous aimons et que nous désirons faire aimer autour de nous. Entends-nous, Seigneur, et nous exauce, parce que nous te présentons notre prière au nom et pour l'amour de Jésus. Amen.


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