ROMAINS, V, 3-5. Les afflictions. (Lire Il Thess., 1.)
Les divers traits de cette énumération jettent sur la mission de la souffrance dans le monde une lumière d'autant plus précieuse pour nous, que plus sombres sont les jours, si fréquents, si longs, si difficiles, où le chrétien dans les larmes répète avec Jérémie : « J'ai oublie ce que c'est que le bonheur.» « L'affliction produit la patience;» si ce n'était la Parole de Dieu qui parle ainsi, pourrions-nous recevoir cette assurance comme vraie? Hélas ! nous voyons tout le contraire dans le monde, et nous sommes bien obligés de convenir que pour qu'il en soit ainsi, il faut la grâce de Dieu et l'oeuvre du Saint-Esprit. En elle-même, l'affliction produit l'impatience; elle irrite, révolte, fait regimber l'homme irrégénéré; mais, combien est différent le résultat qu'elle a pour l'enfant de Dieu!
Chez lui, elle produit réellement la patience; non parce qu'elle y encourage, mais parce que Dieu n'envoie pas une douleur sans donner en même temps la force de l'accepter, ne fait pas une plaie sans la bander, ne dispense pas une affliction sans dispenser aussi la patience nécessaire pour que son enfant souffre en paix et avec une parfaite soumission. « La patience» alors produit « l'épreuve, » c'est-à-dire l'essai; l'essai de Dieu, de sa bonté fidèle, de son amour profond et miséricordieux surtout lorsqu'il afflige, de sa puissance pour soutenir, consoler et fortifier, de la réalité de l'Évangile et de ses promesses; l'essai de nous-mêmes aussi : c'est quand l'or a passé par le creuset qu'on reconnaît s'il est pur, c'est quand la tentation assaille notre foi, quand la tempête se déchaîne et que la nuit est sombre, que nous pouvons constater si vraiment nous marchons par la foi et non par la vue. « L'épreuve » ainsi faite produit «l'espérance;» et comment ne la produirait-elle pas? Comment avoir éprouve le Seigneur sans compter sur lui pour l'avenir?
Comment avoir senti que la foi au Dieu de l'Évangile, au Dieu patient, au Dieu fidèle, au Dieu amour, donne la consolation et la paix dans les plus douloureux moments, sans être « assuré que ni mort ni vie, ni principautés, ni puissances, ni choses basses, ni choses élevées, ni choses présentes, ni choses à venir... ne nous pourront séparer de l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ? » Ah ! nous nous glorifions même dans les afflictions, » parce que nous connaissons la grâce et la fidélité de celui qui nous dit: Ceux qui sèment avec larmes, moissonneront avec chant de triomphe; celui qui porte la semence pour la mettre en terre ira en pleurant, mais il reviendra avec un cri de joie quand il portera ses gerbes (1). » « Je t'ai épuré, mais non pas comme on épure l'argent; je t'ai élu au creuset de l'affliction (2). » «Bienheureux sont ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! »
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, que par ta grâce ce langage de l'expérience chrétienne soit aussi le nôtre! Tu sais qu'il faut pour cela que tu nous viennes en aide, car ce n'est pas la chair et le sang qui peuvent nous révéler qu'il y a dans l'épreuve une source cachée de bénédictions. Tu sais que lorsque tu nous affliges et que notre coeur saigne, nous sentons profondément que si nous n'avions confiance en toi et en ton amour, nous ne pourrions que murmurer ou douter de ta paternelle providence. Mais nous ne voulons pas, Seigneur, laisser en nous la moindre place aux sentiments de notre coeur naturel; nous te demandons de les changer et de les sanctifier, et de nous rendre capables de dire de tout notre coeur que nous nous glorifions même dans les afflictions, parce que nous savons qu'elles nous font du bien et nous rapprochent de toi. Nous t'offrons notre prière en nous appuyant sur les mérites de Jésus. Amen.
1. Ps. CXXVI, 5, 6.
2. Èsaïe, XLVIII, 10.