I JEAN, III, 1.

« Enfants de Dieu.»

(Lire Gal., III, 24-fin; V, 1-7.)

 

« Voyez quel amour le Père a eu pour nous, que nous soyons appelés les enfants de Dieu; » ah ! l'apôtre a bien sujet de parler ainsi, car pourrions-nous jamais concevoir rien de plus merveilleux? Nous, les enfants de Dieu! C'eût été beaucoup déjà que de recevoir de lui le titre de sujets du Roi de gloire et de serviteurs du souverain Maître, et pourtant il ne s'est pas borné à cela; il nous appelle les enfants du Père céleste, bien plus, il nous permet de l'appeler notre Père, il nous y encourage, il nous le fait regarder en quelque sorte comme une chose toute naturelle, puisqu'il « nous donne l'Esprit d'adoption par lequel nous, crions: Abba, Père ! » Oh! quel amour il faut qu'il ait eu pour nous!

Il y a dans ce titre d'enfants de Dieu une grâce, un sujet de reconnaissance, une source de paix et de joie, que nous n'épuiserons pas en y revenant pendant toute l'éternité.

« Enfants de Dieu » c'est-à-dire placés devant lui non plus dans l'attitude craintive d'un esclave, fût-ce d'un esclave affranchi et plein de dévouement, mais dans l'humble liberté, dans la confiante dépendance, de fils et de filles qui savent que leur père les aime, et s'est engagé, en les adoptant, à les aimer toujours.

«Enfants de Dieu,» c'est-à-dire ayant reçu des droits à « l'héritage des saints dans la lumière; » droits autres, mais droits plus sûrs, plus forts, plus incontestables, que ceux que nous aurions pu fonder sur nos oeuvres, à supposer que nous n'eussions jamais péché; droits immuables comme Dieu même qui nous les donne et sa Parole qui nous les garantit.

« Enfants de Dieu, » c'est-à-dire frères de Jésus et ses cohéritiers; pouvant sans cesse recourir à son expérience qui est semblable à la nôtre, au souvenir de ses tentations, les mêmes que les nôtres, à son exemple qui n'est pas hors de notre portée, à son secours qu'il nous offre lui-même.

« Enfants de Dieu, » c'est-à-dire recevant de Dieu le même amour et les mêmes grâces que Jésus, son Fils et notre frère, à commencer par la grâce qui résume toutes les autres, le Saint-Esprit; Dieu l'a donné à Jésus «sans mesure, » et nous le donne, à nous, selon que nous le demandons. Que le monde connaît peu le bonheur des vrais disciples de Jésus! Comme il ignore que ces gens humbles, méprisés, méconnus, sont ceux que Dieu regarde avec le plus de plaisir et à qui la vie éternelle est réservée dans le ciel ! a Le monde ne nous connaît pas; » mais qu'y a-t-il de plus propre à nous faire supporter ses mépris, sinon le fait qu'il a traité Jésus de la même manière? « Le monde ne l'a point connu,» lui non plus, et soupçonnait bien peu, pendant son séjour sur la terre, ce qu'il était en réalité; le monde soupçonne bien peu, maintenant encore, que le grand Dieu des cieux a une fois vécu humblement sur la terre. Soyons donc contents de notre vie ici-bas !

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur notre Dieu, Dieu de l'Évangile, Dieu de Jésus, Dieu de paix et d'amour, le monde ne se fait aucune idée du bonheur que tes enfants trouvent à t'appartenir, et à se répéter le doux titre que tu leur as donné. Être tes enfants dès ici-bas, ô notre Dieu, c'est le ciel sur la terre; et nous savons qu'un jour, dans ton ciel de gloire, nous serons encore plus pleinement heureux et reconnaissants d'être appelés enfants de Dieu. Que par ta grâce ce privilège ineffable remplisse tellement notre coeur qu'il nous devienne aisé d'accepter pour le posséder la vie terrestre la plus difficile, s'il te plaît de nous la dispenser. Puisque le monde ne t'a point connu, Seigneur Jésus, que tes disciples trouvent naturel d'être méconnus aussi quand ils veulent te suivre, et qu'il leur suffise de se dire que s'ils souffrent persécution, c'est parce que tu as eu pour eux tant d'amour, parce que tu les as appelés enfants de Dieu. Amen.


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