ÉPHÉSIENS, IV, 5. « Il y a une seule foi. » (Lire de v. 1 à v. 16.)
Rien n'est à la fois aussi tolérant et aussi intolérant, aussi large et aussi étroit que l'Évangile. Jésus est le Sauveur de tous les hommes, parce que, venu «pour chercher et sauver ce qui était perdu, , il ouvre ses bras à quiconque recourt à lui. Il n'impose pas de conditions, il ne trace pas de limites; quiconque est pécheur et désire obtenir le pardon de Dieu, quiconque est perdu et désire être sauvé, quiconque est souillé et désire être purifié, quiconque est incrédule et désire croire, a part à cette promesse : « Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi. »
Voilà un côté de l'Évangile; mais en voici un autre qui ne s'en sépare pas. Si Jésus reçoit tous ceux qui vont à lui, il ne reçoit que ceux qui vont à lui; il est non pas une porte, mais la Porte, non pas un chemin, une vérité, une vie, mais le Chemin, la Vérité, la Vie, et chaque page de l'Évangile semble porter en lettres de feu : «Personne ne vient au Père que par moi. » Dira-t-on après cela que toutes les religions sont bonnes? Oui, toutes les religions; à cette condition, toutefois, qu'elles reconnaissent Jésus comme le vrai Dieu et la Vie éternelle, le seul Médiateur entre Dieu et l'homme, le seul Sauveur de l'homme perdu, et qu'elles inscrivent sur leur bannière: « Il n'y a aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés.»
La foi en Jésus Dieu Sauveur, voilà la seule foi efficace pour le salut. Sur ce fondement, qui est celui de l'Église invisible et fidèle de tous les siècles et de tous les lieux, avec toutes les dénominations qui la partagent, toutes les erreurs qui trop souvent se mêlent à la vérité qu'elle défend, toutes les faiblesses et les misères de ses membres, il est possible de «bâtir de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, » en attendant le jour où « le feu éprouvera l'ouvrage de chacun (1). » En ce jour-là, la Vérité restera seule debout, au milieu des ruines de tant d'édifices humains qui auront été bâtis sur elle; mais quiconque l'aura connue, crue, aimée, servie, trouvera en elle un sûr abri. « Si l'ouvrage de quelqu'un brûle, il perdra le fruit de son travail, mais pour lui il échappera comme à travers le feu. »
Ne soyons donc pas plus tolérants que l'Évangile, et disons sans hésiter que pour être sauvé il faut « croire au Seigneur Jésus-Christ. » Cette doctrine ne plaît pas au monde; il crie à l'étroitesse, au manque de charité, il accuse d'orgueil ceux qui la proclament : mais, en fin de compte, sur qui tombent ces reproches? Sur la parole de Dieu, dont les enfants de Dieu ne sont que l'écho lorsqu'ils disent bien haut : « Il y a une seule foi » celui qui ne croit point est déjà condamné parce qu'il n'a pas cru (2); » « il n'y a point de salut en aucun autre. » Reculer les limites que Dieu lui-même a posées, ce serait être plus charitable que Dieu, ce serait l'être à la façon du démon, quand, pour nous soumettre à son empire, il nous dit comme à Ève : « Vous ne mourrez nullement, » et nous persuade que la bonté de Dieu lui fera oublier sa justice et sa sainteté.
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, tu vois combien de gens, même parmi ceux qui portent le beau nom de chrétiens, voudraient mettre leur sagesse à la place de la tienne, et se refusent à croire que tu veuilles condamner, dans ta sainte justice, toute âme qui n'aura pas cherché en Jésus son seul espoir de salut. Seigneur, nous te prions pour ces pauvres aveugles, qui ne le sont que parce qu'ils ne reçoivent pas ta Parole comme tu veux qu'on, la reçoive. Fais sentir à tous ceux qui ne te connaissent pas véritablement que tu es aussi saint et juste que bon et plein d'amour; parle à la conscience de tous ceux qui se séduisent eux-mêmes par de faux raisonnements et qui disent paix, paix, là où il n'y a point de paix; contrains-les à recourir à Jésus, et fais-leur trouver en lui la grâce et la vraie paix. Amen.
1. 1 Cor., III, 11-15.
2. Jean, III, 18.