Il CORINTHIENS, IV, 16 - fin. Les choses invisibles. (Lire tout le chapitre.)
En nous engageant par son exemple à regarder aux choses invisibles, saint Paul nous encourage à redoubler de confiance dans notre persuasion que ce que nous ne voyons pas, parmi les choses de Dieu, est tout aussi réel, tout aussi positivement, simplement, fermement vrai, que les choses qui tombent sous nos sens. Nous ne les apercevons pas des yeux de notre corps, parce que ce qui est matériel ne peut discerner ce qui est spirituel, et parce que les choses du monde extérieur arrêtent notre vue, et, en satisfaisant notre attrait pour ce que nous pouvons voir et toucher, nous empêchent de chercher avec assez d'ardeur ce qui est au delà. Mais il n'en est pas moins certain que ces choses existent, et que quand un jour « nous verrons face à face, » nous serons bien étonnés et bien repentants d'avoir pu leur accorder si peu d'attention, de les avoir si peu embrassées dans leur sérieuse réalité.
Ces choses invisibles dont parle saint Paul sont toutes celles que la Bible nous présente comme devant faire l'objet de notre foi et de notre espérance, celles dont le Saint-Esprit rend témoignage à l'esprit du croyant; aussi est-ce par la foi que nous pouvons et devons les contempler. La foi, lorsqu'elle est réelle et vivante, nous fait croire Dieu sur parole et nous fait recevoir sans peine, avec une entière confiance et dans la paix la plus parfaite, ses déclarations quelles qu'elles soient : « Nous marchons par la foi et « non par la vue. » Or, il nous est bon de regarder aux choses invisibles, non-seulement parce que cette contemplation est oeuvre de foi, mais encore parce qu'elle est destinée à avoir pour notre vie intérieure et notre vie extérieure les conséquences les plus directes et les plus bénies.
Pourquoi sommes-nous tellement attachés à la terre et si peu fervents d'esprit? Parce que nous ne regardons pas assez aux choses invisibles, et ne prenons pas assez au sérieux les promesses du Seigneur concernant les biens spirituels et éternels qui attendent ses enfants dans le ciel. -Pourquoi manquons-nous si souvent de courage et de dévouement en présence des tentations et des difficultés de la vie chrétienne? Parce que nous n'avons pas assez habituellement en vue « la rémunération. » Pourquoi, pour nous en tenir à la pensée de saint Paul dans notre texte, avons-nous tant de peine à accepter la souffrance et l'épreuve comme une nécessité de notre vie terrestre? Parce que nous n'avons pas assez de foi à la réalité de la gloire souverainement excellente qui doit suivre nos légères afflictions' du temps présent. Au contraire, « marcher comme voyant celui qui est invisible, » c'est marcher dans la ferveur d'esprit, la joie, l'activité, le renoncement, la sainteté; c'est mettre toute chose à sa place, et s'affectionner aux choses qui sont en haut et non point à celles qui sont sur la terre; en un mot, c'est marcher par la foi, qui est « une vive représentation des choses qu'on espère, et une démonstration assurée de celles qu'on ne voit point. » Puissions-nous donc croître dans la foi, marcher par la foi, vivre de la foi !
PRIERE.
Tu sais, Seigneur, quelle peine nous avons à regarder aux choses invisibles, parce que nous avons peu de foi. Daigne triompher toi-même, par ton Saint-Esprit, de toutes les résistances que notre incrédulité oppose au développement de ton oeuvre en nous. Fais-nous renoncer à nous-mêmes et à notre propre sagesse comme il faut que nous y renoncions pour pouvoir marcher par la foi. Empêche-nous de nous trop attacher aux choses de la terre, et tout particulièrement à la joie 'terrestre, afin que quand elle nous manque il ne nous soit pas pour cela difficile de compter sur ton amour et sur ta bénédiction. Donne-nous de croire fermement que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui t'aiment, et fais que nous nous reposions en paix sur toi du soin de pourvoir à tout ce qui nous concerne. Exauce-nous pour l'amour de ton Fils Jésus-Christ notre Sauveur, Amen.