ROMAINS, VI. Le péché chez le chrétien.
« Nous bronchons tous en plusieurs choses, » dit saint Jacques (1). Le péché, hélas ! est une chaîne que nous traînons et qui entravera notre marche aussi longtemps que nous serons sur la terre. Si nous avons le bonheur d'appartenir mi Sauveur et d'être nés de nouveau, il y a bien en nous un nouvel homme qui a l'empire sur l'ancien, grâce à notre Dieu ; mais le vieil, homme n'est pas mort et nous fait trop souvent sentir sa présence. C'est ce vieil homme qui obéit en nous à la loi du péché, qui sert d'instrument au prince des ténèbres, tandis que l'homme nouveau, l'homme spirituel, obéit à la loi de Dieu avec une force qui vient de Dieu et qui par la puissance de Dieu doit rester victorieuse. Ceci fait partie des éléments du christianisme; mais l'application que nous en faisons n'est-elle pas souvent défectueuse, et le fait que le péché est inhérent à notre nature ne nous conduit-il pas à en prendre notre parti trop facilement?
Examinons si la douleur que nous cause chacun de nos péchés est telle qu'elle devrait être; examinons si chaque fois que notre conscience nous reproche un manque de véracité, un acte de légèreté, une parole vive, un mouvement de colère, nous sentons, véritablement et profondément, qu'il y a là un péché positif et qui déplaît au Seigneur. Le fait que nous nous résignons à vivre avec le péché est une iniquité dont Satan se réjouit; c'en est une aussi que la légèreté avec laquelle nous oublions une foule de petites choses qui sont pourtant des péchés. Les disciples de celui qui «a paru pour détruire les oeuvres du diable,, doivent avoir des consciences plus délicates. «Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite.»
Le moyen de devenir saints comme lui, c'est de regarder à lui, qui par la foi nous est fait « sanctification » aussi bien que « rédemption. » « Le péché n'aura point domination sur vous parce que vous n'êtes point sous la loi, mais sous la grâce.» Parole profonde, parole étrange pour quiconque n'a pas fait l'expérience personnelle de ce que sont les rapports mutuels de Jésus et de ses disciples; mais parole vraie et bénie pour le plus humble des croyants ! Le péché n'a point de domination sur ceux qui sont sous la grâce, parce que la grâce, c'est Jésus lui-même, vainqueur du péché, venant selon sa promesse établir sa demeure chez son disciple, et lui disant lui-même que tout est accompli. Il a « vaincu le monde » en écrasant la tête du prince de ce monde, selon l'antique prophétie. Après avoir triomphé pour nous, il va nous donner le fruit de sa victoire en triomphant en nous de notre grand ennemi. Laissons-le faire, et bornons-nous à compter sur lui. «Mettez-vous bien dans l'esprit, » dit saint Paul, « que vous êtes morts au péché, » par conséquent, lorsque la tentation se présente, disons au péché: Tu ne peux pas avoir plus d'empire sur moi que sur un mort; et disons à Jésus : Tu as vaincu; délivre-moi des obsessions de ce captif qui se débat dans ses chaînes. Et si nous croyons qu'il le fait, il le fera.
PRIÈRE.
Seigneur! tu as les yeux trop purs pour voir le mal. Oh! malgré notre indignité, et quoique nous répondions si peu à ce que tu demandes de nous, laisse-nous nous approcher de toi et reçois nos prières! Nous avons besoin que tu viennes à notre secours pour nous délivrer de ce péché qui nous fait la guerre. Toi qui nous as dit : Prenez courage, j'ai vaincu le monde, Seigneur Jésus! il ne t'est pas plus difficile de vaincre la résistance que le démon t'oppose dans le coeur de tes disciples : fais-le, nous t'en supplions. Donne-nous des consciences délicates, inspire-nous pour le péché quel qu'il soit une horreur profonde, rends-nous saints comme tu veux que nous le soyons. Ce qui est impossible aux hommes t'est possible à toi, ô notre Dieu Sauveur! Manifeste ta force dans notre faiblesse, Il rends-nous plus que vainqueurs en celui qui nous a aimés. Amen.
1. Jacques, III, 2.