COLOSSIENS Il, 6, 7.

La foi. 2.

(Lire Rom., I, 1-17.)

 

N'allons pas, pour tranquilliser notre conscience, nous payer de ce sophisme plus que jamais populaire de nos jours, que l'incrédulité n'est pas un péché dont on soit responsable parce que la foi ne se commande pas. La foi se commande tout aussi bien que l'amour, que le désintéressement, que le dévouement; ces choses-là ont aussi leur principe dans notre for intérieur; devant Dieu elles ne signifient rien si elles ne font que se manifester par des actes et n'ont pas pris possession de la volonté. La preuve que la foi se commande, c'est que « c'est ici son commandement, que nous croyions au nom de Jésus-Christ (1). » En nous l'enjoignant, Dieu nous demande un acte de notre volonté; si cette volonté est au fond soumise « à l'obéissance de la foi (2), » « notre coeur ne nous condamne point et nous avons une grande confiance devant Dieu. » Dieu a, d'ailleurs, le droit d'attendre que nous ayons foi en lui, précisément parce que la foi est un don de sa grâce. Quand il nous a donné une chose, nous possédons cette chose, « car les dons et la vocation de Dieu sont irrévocables (3), » et sommes tenus de ne pas négliger le don de Dieu qui est en nous, de faire fructifier ce talent-là comme les autres. Or, Dieu « nous a donné de croire en Christ (4), » et nous pourrions tout ensemble lui rendre grâces pour son don ineffable, et nous permettre de n'en pas faire usage pour saisir toutes les promesses que sa grâce infinie ajoute à ce don!

Du reste, la foi, ne l'oublions pas, n'est pas une chose extraordinaire, presque palpable, une sorte d'exaltation, de chaleur factice, que chacun puisse comme sentir, voir et toucher en lui. Croire la Parole de Dieu, c'est-à-dire croire Dieu sur parole, ne demande rien de plus extraordinaire que ce que nous faisons tous les jours, quand nous ajoutons foi à ce que nous dit un parent, un ami, un étranger. Nous le croyons sans y penser, simplement parce que nous le croyons : nous ne songeons pas même à nous demander si nous le croyons. Et par le seul fait de cette confiance, nous donnons acte au prochain de la sincérité sur laquelle nous comptons de sa part.

Eh bien! croyons donc, nous, chrétiens, qui nous croyons sans peine les uns les autres, croyons donc de la même manière, avec la même simplicité, tout ce que Dieu nous dit et nous promet. Croyons-le sans nous demander si notre foi est assez ferme, si nous n'avons pas toujours au fond du coeur un reste d'incrédulité. Une fois la volonté gagnée, une fois que d'un coeur droit et sincère nous avons dit au Seigneur que nous voulons le croire - « Je crois, Seigneur, aide-moi dans mon incrédulité! » - ces examens de nos sentiments ne sont plus que des pièges. S'étudier, s'écouter, fût-ce pour s'accuser soi-même, c'est regarder à soi et nous n'avons qu'à regarder à Jésus. L'étudier, lui, l'écouter, lui, le chercher dans sa Parole et l'appeler dans la prière, « sans douter nullement » qu'il ne soit prêt à se faire trouver et à nous répondre, c'est là la foi. Combien simple, combien facile, et combien riche, précieuse, bienfaisante!

Le monde répète volontiers: Quand je verrai, je croirai. « Si tu crois, tu verras (5), » dit le Seigneur.

 

PRIÈRE.

Voici, nous venons à toi, Seigneur, car tu es l'Éternel notre Dieu. Nous venons à toi dans notre misère absolue; donne-nous au moins de le faire avec une parfaite sincérité. Nous t'apportons l'offrande de notre volonté. Nous souhaitons qu'elle t'appartienne, et nous te prions de la ranger parfaitement à l'obéissance de la foi. 0 Seigneur, béni sois-tu de ce que lorsque nous nous reconnaissons aveugles et misérables, nous pouvons recourir à toi et te demander de faire toi-même en nous ce qui t'est agréable, d'accomplir en nous le bon plaisir de ta volonté et l'oeuvre de la foi. Donne-nous la foi telle que tu veux que nous l'ayons. Nous voulons aussi l'avoir, et c'est pourquoi nous te la demandons au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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.1. Jean, III, 23.

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2. Rom,. 1, 5.

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3. Rom., XI, 29.

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4. Phil., I, 29.

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5. Jean XI, 40.