JEAN, XXI, 1-14.

L'entrevue de Tibériade.

 

Jésus avait passé plusieurs jours sans se montrer à ses disciples, parce qu'il voulait que ceux-ci s'accoutumassent à ne plus le voir; ses courtes apparitions n'étaient plus destinées qu'à fortifier leur foi en sa résurrection, et à leur donner quelques instructions dernières.. Cependant, les disciples savaient qu'ils le verraient encore, puisqu'il leur avait promis d'aller au-devant d'eux en Galilée; voilà pourquoi ils s'y étaient rendus.

Nous avons déjà trouvé, au commencement du ministère du Sauveur, le récit d'une pêche miraculeuse offrant beaucoup d'analogie avec celle-ci. « C'est le Seigneur, » dit Jean, lorsqu'il s'aperçut du miracle qui s'accomplissait en leur faveur. Heureuse l'âme que saisit cette conviction dès qu'elle contemple une preuve de la puissance et de la bonté de Dieu! Heureux le chrétien qui, dans l'affliction, entend Jésus lui dire : « C'est moi, » et, dans la prospérité, se hâte de dire lui-même : «C'est le Seigneur! » Oui, c'est du Seigneur que vient tout succès, toute bénédiction accordée même à nos plus humbles entreprises; « c'est le Seigneur, » qui aide, qui soutient, qui dirige; « c'est le Seigneur » qui veut qu'on reconnaisse que c'est lui. - Pierre se jeta à l'eau tout babillé pour aller vers Jésus: comme il y avait loin de cet empressement à, la craintive prière qu'il lui avait adressée' trois années auparavant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur (1) ! » C'est que Pierre avait fait des progrès dans la connaissance de son Sauveur, et savait que les visites de Jésus, loin d'être jamais à craindre, sont les plus précieuses des bénédictions.

Mais remarquons ici à. quel point il est vrai que « nous avons des dons différents, » et que les disciples de Jésus peuvent le servir avec un zèle égal et lui être également agréables, en lui témoignant leur dévouement de manières bien diverses. Pierre se jeta à l'eau, laissant à ses compagnons la peine de ramener à terre le filet plein de poissons et la barque; nous ne devons pas le blâmer, car il agit sous l'impulsion d'un ardent amour, et nous avions même besoin, après sa chute, qu'il se montrât à nous sous ce jour-là. Et pourtant, ses compagnons eurent raison aussi de faire preuve de plus de calme et de prévoyance, car, pour ne pas perdre le fruit du miracle, il leur fallait regagner lentement le rivage dans la barque, tirant le filet après eux. Jésus les approuva tous : que cette leçon nous rende indulgents les uns envers les autres quand nous différons dans nos vues ou dans notre manière de servir notre commun Maître.

 

PRIÈRE.

Seigneur Jésus, notre Dieu Sauveur, nous te prions d'appliquer à notre âme tout ce que nous dit de ta part la touchante portion de ta Parole, que nous venons de lire. Fais-nous sentir que pendant que nous accomplissons le voyage de la vie, tu te tiens, toi notre céleste ami, sur le rivage auquel nous devons aborder, comme jadis tu te tenais sur le bord de la mer de Tibériade; que tu nous appelles comme tu appelais les apôtres, que tu nous recevras lorsque enfin nous arriverons au but, et que tu nous feras avoir part au céleste banquet que tu nous auras préparé dans la maison de notre Père. C'est toi, Seigneur Jésus, qui nous diriges, quoique nous ne te voyions pas, et ne te reconnaissions même pas toujours lorsque tu te révèles à nous dans ta providence ou dans La grâce; qu'il nous suffise de nous répéter que celui qui prend soin de Liens, c'est le Seigneur. Amen.


Table des matières
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1. Luc, V, 8.