JEAN, XX, 19-23. Jésus apparaissant aux disciples rassemblés. (Lire Ps. CX.)
Il est probable que les deux disciples d'Emmaüs avaient quitté Jérusalem le matin, avant que Marie Madeleine, Marie et Salomé y fussent revenues pour dire que Jésus leur était apparu, puisqu'ils savaient bien qu'on avait trouvé le tombeau vide, mais qu'ils ne parlèrent pas d'autre chose. Avec quel empressement, après avoir reconnu, comme jadis Jacob, que l'Éternel avait été avec eux sans qu'ils en sussent rien., ils revinrent sur leurs pas pour annoncer à leurs compagnons de Jérusalem la grâce qu'ils avaient reçue et qu'ils savaient bien n'être pas seulement pour eux! C'est ainsi que fait le véritable amour fraternel; les obstacles et les fatigues ne le rebutent pas. Ils furent reçus avec un cri de joie : « Le Seigneur est vraiment ressuscité et il est apparu à Simon ! » et leur fidélité « dans les petites choses » ne tarda pas à recevoir une nouvelle récompense, car pendant qu'ils étaient avec leurs compagnons, « Jésus vint , et fut là au milieu d'eux. »
Il est particulièrement intéressant et édifiant de se transporter par la pensée au milieu de ces apôtres et de ces disciples, que nous voyons pour la première fois tenir une petite assemblée au nom et en souvenir de Jésus. Saint Jean prend soin de nous faire remarquer que cette assemblée et celles qui la suivirent eurent lieu le premier jour de la semaine, d'où nous pouvons conclure que les apôtres avaient bien transféré à ce jour-là la célébration du jour du repos, usage auquel l'Église chrétienne s'est toujours conformée depuis. Cette petite assemblée, si humble, si obscure, fut pourtant solennellement reconnue et approuvée par le Seigneur Jésus, qui l'honora de sa présence, apposant ainsi une bénédiction signalée sur toutes celles que célébrerait son Église, spécialement le dimanche. Là où deux ou trois sont assemblés en son nom, il est au milieu d'eux, et les persécutions de ses ennemis ont beau forcer ses disciples à fermer leurs portes, elles ne peuvent empêcher Jésus de venir et de se tenir là pour leur dire : « La paix soit avec vous ! »
Avant sa mort, Jésus avait souvent promis la paix à ses disciples comme devant être pour eux de sa part le don par excellence; maintenant il ne se borne pas à la leur promettre, il la leur donne, il la fait passer dans leur âme par sa parole, afin de les convaincre qu'il les aime et leur pardonne de l'avoir si lâchement abandonné. La paix est la bénédiction qui accompagne chacune des visites de -Jésus, et grâce à laquelle, alors même qu'elles ont quelque chose qui effraye 'au premier abord, comme lorsque Jésus visite par l'épreuve, le trouble ne peut être de longue durée, et le saisissement le plus profond ne peut ébranler chez l'enfant de Dieu l'assurance de l'amour de son Sauveur. Jésus prend soin lui-même de ses pauvres disciples, faibles et bouleversés par tant d'émotions successives. Ils croyaient voir un fantôme : il leur montra ses mains et son côté, puis il mangea devant eux. Dans les jours d'angoisses et de larmes, il nous dit ce qui peut être le plus consolant pour nous : « Ne crains point, c'est moi. » Quand Jésus se montre, quand Jésus parle, que faut-il de plus?
PRIÈRE.
Il ne nous faut rien de plus que le sentiment intime et vivant de ta présence, Seigneur Jésus; mais ce sentiment, nous en avons besoin; nous ne pouvons être heureux, nous ne pouvons avoir la paix qu'à ce prix. Oh! donne-le-nous donc, donne-le-nous profond, constant, inébranlable; donne-le-nous par ton Saint-Esprit. Souffle sur nous, Seigneur Jésus, comme tu as soufflé sur tes apôtres, pour nous vivifier; dis-nous comme à eux : Recevez le Saint-Esprit! Tu sais que nous désirons que tu te glorifies dans nos corps et dans nos esprits qui t'appartiennent; mais tu sais aussi que nous ne sommes capables de rien si tu ne viens à notre aide. Nous nous plaçons en ta présence, et nous te supplions d'accomplir en nous l'oeuvre de La grâce pour l'amour de ton nom. Amen.