JEAN, XX, 1-18. Marie au sépulcre.
Nous devons croire, d'après les autres récits sacrés, que, Marie Madeleine s'était d'abord mise en route pour le sépulcre avec l'autre Marie et Salomé, mais qu'elle les avait quittées aussitôt qu'elle avait vu de loin que la pierre était roulée de l'entrée du sépulcre. Il n'est jamais bon de juger ou d'agir avec précipitation; Marie nous en donne une preuve : apercevant le sépulcre ouvert, elle se hâta de conclure avant d'y être arrivée que le corps du Sauveur avait été enlevé, et elle rebroussa chemin pour aller le dire aux disciples, se privant ainsi de la joie qu'elle aurait eue à voir et à entendre les anges. Quand elle revint au sépulcre avec Pierre et Jean, les deux autres femmes étaient déjà parties.
Essayons de nous représenter ce qui remplissait son coeur lorsque, après le départ des deux disciples; restée seule auprès du sépulcre, elle se pencha sur le bord en pleurant! Ne plus voir son Seigneur, ne pas même savoir où le chercher ! Pauvre Marie, qui avait eu tant besoin de lui, qui avait tant éprouvé sa puissance, qui l'avait tant aimé dans sa reconnaissance parce qu'il avait chassé d'elle sept démons ! Ah ! son amour et sa douleur dominaient tout autre sentiment; aussi ne pouvait-elle éprouver ni frayeur ni joie quand elle aperçut les anges; mais pourquoi cette douleur était-elle si profonde ? Parce que la foi de Marie était bien imparfaite. Si elle avait cru ce que Jésus avait si souvent dit de sa résurrection, elle aurait trouve un sujet de joie dans ce qui lui paraissait un sujet de tristesse. Elle était tellement absorbée par ses regrets, que ses larmes obscurcissaient sa vue et qu'elle ne reconnut pas Jésus, même quand il fut tout près d'elle et lui parla. « Pourquoi pleures-tu ?» Jésus voulait par cette question l'obliger à rentrer en elle-même; cette parole s'adresse à tous ceux qui l'ont perdu de vue et le croient loin d'eux. Sèche tes larmes, et tu verras que tu es aussi abondamment béni que tu te croyais à plaindre. « L'Éternel est ici, et je n'en savais rien! »
« Marie ! » dit le Sauveur, sans doute d'un ton doux et sérieux dans lequel cette voix qu'elle connaissait si bien lui exprimait à la fois la plus compatissante affection et le plus tendre reproche. Cette voix qui pénétra jusqu'au fond de l'âme de Marie, comme elle remue l'âme de tout croyant! Quand Jésus se révèle à son disciple, il lui parle par le Saint-Esprit dans le secret de son coeur; il lui dit : « Je t'ai appelé par ton nom; » et quelle est la réponse du disciple? un cri de joie, d'amour, de triomphe, dans lequel il reconnaît avec actions de grâces l'autorité de son Sauveur sur lui : « Rabboni, mon Maître! »
Jésus ne permit pas à Marie de le toucher; peut-être parce qu'il vit qu'elle allait s'attacher à l'idée de sa présence corporelle au milieu de ses disciples, et qu'il voulait la préparer à son ascension. « Va vers mes frères, » doux nom que Jésus n'avait pas encore donné à ses disciples; à mesure que croissait sa puissance, son amour croissait aussi. Ils sont frères de Jésus, ceux qui ont son Père pour leur Père et son Dieu pour leur Dieu.
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, que nos coeurs brûlent pour toi de l'amour dont brûlait celui de Marie Madeleine, et que nous ayons autant besoin qu'elle de te chercher, de te trouver, de te sentir près de nous, de pouvoir à tout instant rencontrer ton regard et entendre ta voix nous parlant dans le secret de notre âme! Donne-nous la vie intérieure de Marie Madeleine! Seigneur Jésus, tu es aussi près de nous que tu étais près d'elle, tu ne nous quittes pas, et si nous avions plus de foi, nous sentirions sans cesse notre main dans la tienne : préserve-nous de ces défaillances de coeur qui ne viennent que des défaillances de notre foi; que nous ne cessions pas de tenir notre oeil spirituel fixé sur toi, et qu'il nous devienne facile de marcher sur tes traces. Amen.