LUC, XXIII, 46.

Mort de Jésus. 1.

(Lire Ps. CXVI.)

 

Il est digne de remarque que tous les évangélistes nous disent que Jésus, en expirant, jeta' un grand cri. C'est qu'il est prouvé par là qu'il ne mourait pas d'épuisement. Sa mort a eu quelque chose d'exceptionnel, soit que l'excès de son angoisse morale eût hâté la fin de son affreuse agonie, soit que le Père voulût le glorifier, puisque tout était accompli, en le rappelant à lui tellement plus tôt qu'on ne pouvait s'y attendre. Jésus « rendit l'esprit» au bout de six heures : ce fait devait appeler l'attention sur sa mort, et nous voyons, en effet, qu'il frappa Pilate d'étonnement (1). D'ailleurs, la prophétie annonçant qu'aucun des os de Jésus ne serait cassé, n'aurait pas été accomplie sans cela. Saint Luc nous apprend que « Jésus, criant à haute voix, dit: Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Il citait là des paroles du Psaume XXXI, nous rappelant que, selon l'expression de saint Pierre, c'était l'Esprit de Christ qui avait parlé par les prophètes de l'Ancienne Alliance, et rendu à l'avance témoignage aux souffrances du Messie et à la gloire qui les devait suivre (2).

De plus, le Sauveur nous enseignait par cet exemple à nous appliquer directement tout ce qui, dans la sainte Écriture, répond à nos besoins. Grâce à lui, le croyant peut en effet s'approprier ce langage, et quitter la vie en disant comme son Sauveur : , Père, je remets mon esprit entre tes mains,» et ajoutant avec saint Paul: « Je sais en qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il est puissant pour garder mon dépôt.» Heureux celui qui, pour le temps présent et pour l'éternité, peut s'abandonner complètement à la garde de Dieu parce qu'il sait que Dieu est son père en Jésus; celui qui remet au Seigneur, en toute confiance, le soin du mystérieux avenir qui s'ouvrira devant son âme au moment de la mort ! Qu'est-ce que la mort pour le chrétien depuis que Jésus a détruit celui qui avait l'empire de la mort?

C'est la fin de l'épreuve de la vie, c'est le dépouillement du péché, c'est l'entrée dans la maison paternelle, c'est le commencement du repos « réservé dans le ciel au peuple de Dieu; » nous n'en savons pas davantage, mais n'est-ce pas assez? Père, je m'abandonne à toi; Père, la vallée de la mort est une vallée obscure, mais ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent; « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » A présent que celui qui a prononce ces paroles dans les douleurs de la croix peut nous dire : « J'ai vaincu, et je suis assis avec mon Père sur son trône; » à présent que c'est à lui-même que nous avons recours, en lui que nous trouvons assistance et sympathie, ne sommes-nous pas plus sûrs encore, s'il est possible, d'avoir « retraite sous les bras éternels » dans le suprême moment du besoin? Le premier martyr de l'Église chrétienne se rappelait sans doute ces dernières paroles de son Sauveur, lorsque, quelques semaines plus tard, « pendant qu'on le lapidait, il priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit! »

 

PRIÈRE.

Seigneur Jésus, nous unissons nos voix à celles qui, dans tous les lieux et dans tous les siècles, te bénissent et t'adorent parce que tu as détruit par ta mort celui qui avait l'empire de la mort, le diable. Tu nous as acquis plus encore qu'une éternité bienheureuse : la grâce immense de pouvoir ne regarder la mort que comme lé chemin obscur mais court qui doit nous conduire dans cette éternité; tu nous as mérité, au prix de ton angoisse et de ton agonie, la paix avec laquelle nous quitterons la vie appuyés sur toi et garantis par ton bâton et ta houlette. Que te rendrons-nous, Seigneur Jésus? Nous prendrons la coupe des délivrances et nous bénirons ton saint nom. Nous nous reposerons sur toi toujours avec plus de confiance et d'amour, et nous nous efforcerons d'amener des âmes au pied de ta croix. Amen.


Table des matières
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1. Marc, XV, 44. -

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2. 1 Pierre, I, 11.