MATTHIEU, XXVII, 46-491 et JEAN, XIX, 28, 29.

Jésus sur la croix. 4.

(Lire Ps. LXIX, 1-21.)

 

Jésus paraît n'avoir prononcé aucune parole pendant les trois heures qu'il passa dans cette obscurité, tout entier à sa lutte contre les pouvoirs des ténèbres, tout entier à peser la malédiction de son Père sur nos péchés dont il s'était chargé, tout entier, en un mot, à son sacrifice expiatoire. Ce fut au moment où l'obscurité commençait à se dissiper qu'il s'écria: «Eli, Eli, lamma sabachtani? » « c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi in'as-tu abandonné?» Dieu n'avait pas abandonné le Sauveur, mais il jugeait bon de lui cacher sa face aussi complètement que s'il l'avait abandonné en effet. Ah ! comme il est vrai que «Celui qui n'avait point connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous; » comme il est vrai que Jésus a souffert à notre place tout ce que nous aurions souffert si nous avions été rejetés de Dieu comme nous le méritions ! Ce fut là, de toutes les amertumes de la croix, celle que Jésus ressentit le plus promptement, celle qui lui arracha le plus douloureux cri d'angoisse.

Ah ! si la pensée de voir la face du Seigneur en justice et d'être rassasiés de sa ressemblance lorsque nous serons réveillés, est vraiment pour nous ce qu'elle doit être, c'est-à-dire l'objet de nos espérances les plus vives et la source de notre joie la plus pure, celle d'être à jamais bannis de la présence du Dieu Sauveur nous paraîtra la plus terrible des terreurs de l'enfer. Alors seulement nous serons assez reconnaissants envers Jésus de ce qu'il nous a enlevé cette malédiction. Il s'en est chargé, lui, le Saint et le Juste : «mon âme, bénis l'Éternel, et que tout ce qui est en moi bénisse le nom de sa sainteté. »

«J'ai soif. » fut la cinquième parole du Sauveur sur la croix. Elle exprimait l'intensité de ses souffrances physiques, et accomplissait une prophétie, tout en nous enseignant à voir dans le Psaume LXIX une prédiction des souffrances expiatoires de Christ. Ne nous rappelle-t-elle pas aussi la manière dont Jésus avait soif de nous sauver lorsqu'il disait : « Je dois être baptisé d'un baptême, et combien ne suis-je pas pressé jusqu'à ce qu'il s'accomplisse. » « Il jouira du travail de son âme, » avait dit Ésaïe bien des siècles auparavant; parole profonde, qui, lorsqu'on la médite avec soin et avec prière, fait pénétrer plus avant peut-être que toute autre dans cet amour de Dieu « qui surpasse toute intelligence. » Rendons-nous à Jésus, quoique ce ne puisse être qu'à une distance infinie, amour pour amour, dévouement pour dévoilement, et nous estimons-nous «bienheureux » si en quelque chose « nous avons part à ses souffrances? » « Car, comme les souffrances de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde aussi par Christ.. . comme vous êtes participants des souffrances, vous le serez aussi de la consolation (1). »

 

PRIÈRE.

0 Seigneur notre Dieu, notre amour et notre dévouement ne sont pas ce qu'ils devraient être, la miséricorde infinie de notre Sauveur ne pénètre pas notre âme assez profondément! Oh! fais-nous vraiment entrer dans l'Esprit de Jésus et des rapports qu'il a voulu établir entre toi et nous; pardonne-nous d'être souvent si languissants et si tièdes, si peu actifs, si peu fidèles, si peu disposés à souffrir avec joie lorsque ta volonté est que nous souffrions! Fais-nous comprendre par ton Saint-Esprit la joie intime et bénie qu'il y a dans le renoncement et le sacrifice, quand on a cru et connu que Jésus a mis sa vie pour nous. Rends-nous par ta grâce tels que tu veux nous voir, Seigneur, tels qu'il faut que nous soyons pour montrer au monde que l'amour de Jésus est une vie, et que celui qui dit : Je l'ai connu, marche comme il a marché lui-même. Nous te présentons notre prière en son nom. Amen.


Table des matières
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1. Il Cor., I, 5, 7.