JEAN, XIX, 25-27, et MATTHIEU, XXVII, 45.

Jésus sur la croix. 3.

(Lire Lam., III, 1-18.)

 

Ce que devaient éprouver la mère de Jésus et les quelques amis qui se tenaient avec elle auprès de la croix du Sauveur, se comprend et se sent, mais ne peut s'exprimer. C'est avec un douloureux frémissement qu'on se demande comment ils ont pu supporter une telle douleur. Comme Marie devait sentir alors que Siméon avait dit vrai en lui annonçant qu'un jour une épée lui transpercerait l'âme ! Il fallut certainement que la force d'en haut l'aidât à triompher de ses sentiments les plus forts et les plus intimes, pour qu'elle pût soutenir la vue de l'affreux et long supplice du Sauveur. Ne nous arrive-t-il pas, après une grande épreuve, d'être étonnés de la manière dont nous avons supporté ce qu'à distance nous aurions certainement cru au-dessus de nos forces? C'est que, si notre faiblesse est grande, plus grande encore est la fidélité de celui qui dit à son enfant: « Ma grâce te suffit. »

Marie fut récompensée de l'effort qu'elle avait fait sur elle-même par la manière dont le Sauveur lui montra qu'il lui en savait gré. Soyons attentifs à l'exemple que Jésus nous donne jusque dans ce moment suprême. Non-seulement il trouva dans son âme angoissée de tendres pensées pour sa mère, mais, malgré les tortures de son corps, il eut la force de lui adresser de douces paroles pour lui montrer qu'il comprenait son coeur et lui rendait amour pour amour. Son fils lui était enlevé, mais Jésus lui en donnait un autre, tout en laissant à son disciple bien-aimé la consolation la plus efficace, un devoir à remplir pour l'amour de lui. L'exemple du Sauveur ne donne-t-il pas une vérité saisissante à cette parole de l'Écriture: « Si quelqu'un n'a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa propre famille, il a renié la foi? »

Jésus était sur la croix depuis trois heures environ, lorsqu'à la sixième heure, c'est-à-dire à midi, le soleil se cacha tout à coup et fit place à une effrayante obscurité qui dura trois heures. Ce que signifiait cette obscurité répondait à ce qu'avait signifié, trente-trois ans auparavant, la clarté dont les bergers de Bethléhem s'étaient tout à coup vus entourés. Jésus venait alors de paraître, lui, le Soleil de justice, pour être la lumière du monde; maintenant Jésus allait quitter la terre, et cette obscurité de la nature, à laquelle se joignait dans l'âme du Sauveur la plus affreuse obscurité spirituelle, montrait le jugement de Dieu sur les hommes qui avaient préféré les ténèbres à la lumière. Mais grâce, grâce à Dieu ! tout ce que Jésus a souffert, il l'a souffert pour nous l'épargner : il est mort pour nous donner la vie, il a été dépouillé pour que nous fussions revêtus, il a été dans les ténèbres pour que la plus vive lumière éclairât l'âme des croyants.

 

PRIÈRE.

Fais-nous avoir part à toutes ces grâces, Seigneur Jésus, et que chacun de nous soit enrichi par ta pauvreté et vivifié par ta mort! Fais briller sur nous et dans notre âme ces rayons divins qui nous montreront dans toute son étendue ta miséricorde envers nous et les obligations qu'elle nous impose envers toi; ces rayons du Soleil de justice qui portent la santé, la force, la joie. Nous te prions de nous rendre pleinement attentifs à tous les exemples de sainteté que tu nous as donnés jusqu'à la fin de ta vie terrestre; nous te prions en particulier de nous rendre tels dans notre vie de famille, qu'il soit évident que nous sommes tes disciples, à toi qui, au milieu des tortures de la croix, as pensé à ta mère et lui as témoigné le plus filial amour. Sanctifie toute notre vie, jusque dans ses plus humbles détails, et fais-la contribuer, Seigneur Jésus, à la louange de la gloire de ta grâce. Amen.


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