LUC, XXIII, 39-43.

Jésus sur la croix. 2. - Le brigand converti.

(Lire Rom., X, 4-13.)

 

De quelque côté qu'on aborde l'histoire du brigand converti, on la trouve si émouvante et si riche, si digne de cet Évangile qui est « la puissance de Dieu en salut à tout croyant, » que l'âme est contrainte de laisser échapper le cri de « Gloire à Dieu ! ,Examinerons-nous dans ce pauvre supplicié la preuve admirable qu'il nous donne de la gratuité du salut? Quelle preuve ! Comment parler d'oeuvres ou de mérites en présence d'un homme mis en croix pour ses forfaits, qui sur la croix a commencé par outrager Jésus comme son compagnon, et qui meurt sauvé, et dans la pleine assurance de son salut, parce qu'il a dit à Jésus : « Souviens-toi de moi,» sans même avoir pu prouver par ses oeuvres la sincérité de sa repentance? - Admirerons-nous l'oeuvre merveilleuse que le Seigneur a tout à coup accomplie dans cette âme? Quelle oeuvre !

Comment le brigand a-t-il pu reconnaître le Dieu Sauveur dans un homme de douleur abreuvé d'amertumes et d'outrages; comment, au milieu de tortures affreuses qui semblaient devoir lui ôter toute libertéd'esprit, a-t-il passé en un moment du blasphème au sentiment de sa misère et de sa perdition, puis à la repentance, puis à la foi, puis à la prière, puis au salut, puis à la paix, puis à la confession publique de sa foi? « Nous souffrons ce que nos crimes méritent, mais celui-ci n'a fait aucun mal. » - Chercherons-nous dans ce touchant récit ce qu'y ont cherché et trouvé tant d'âmes sur le seuil de l'éternité, l'assurance inébranlable qu'au delà de cet obscur passage se trouve une lumière éblouissante que nous contemplerons dès que ce voile de chair sera ôté de dessus nos yeux?

Quelle assurance! « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le «paradis. » - Dieu soit béni pour la conversion du brigand !

Dieu soit béni pour tout Ce que le récit de cette conversion renferme, pour nous!

Et pourtant, il est nécessaire de faire une remarque pour ne pas abuser de cet émouvant récit. L'histoire du brigand converti sur la croix est une page de l'Évangile, et une page douce et bienfaisante, qui a entouré plus d'un lit de mort de paix et de joie dans le Seigneur; nous pouvons même dire que l'Évangile n'aurait pas été complet comme il l'est, s'il n'avait renfermé un appel et un encouragement pour les ouvriers plus tardifs encore que ceux de la onzième heure; mais il n'en est pas moins solennellement vrai que les conversions au lit de mort sont rares, et que ceux qui renvoient au moment de la mort les pensées sérieuses jouent un jeu terrible. Lorsqu'on ferme volontairement son coeur à la voix de Dieu, on se condamne soi-même à ne pouvoir plus l'entendre; si l'un des brigands fut sauvé, son compagnon mourut dans l'impénitence; une exception n'est pas la règle, et en règle générale on meurt ce qu'on a vécu. On l'a dit avec raison : «La Bible renferme un exemple de conversion au moment de la mort, pour que personne ne désespère, mais un seul, pour que personne ne tombe dans la présomption. »

 

PRIERE.

Seigneur notre Dieu, fais-nous retirer de l'histoire du brigand converti les fruits que tu la destines à porter pour notre âme, et accorde la même grâce à tous ceux qui la lisent. Que personne ne s'en autorise jamais pour différer de répondre à tes appels; mais qu'elle soit en bénédiction à beaucoup de pauvres pêcheurs sur leur lit de mort. Qu'elle nous montre sous un jour plus frappant encore l'infinie grandeur de ta puissance envers ceux qui croient, et les richesses de la gloire de ton héritage dans tes rachetés de tous les temps, de tous les lieux, de toutes les* conditions. Seigneur, la grâce qui a sauvé le brigand est celle qui fait tout notre espoir de salut; fais-nous y avoir part de plus en plus, nous te le demandons au nom de Jésus. Amen.


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