MATTHIEU, XXVII, 36-14.

Jésus sur la croix. 1.

 

Pilate s'était conformé à l'usage ordinaire en faisant mettre au-dessus de la tête de Jésus un écriteau sur lequel était exposé le sujet de sa condamnation; mais il avait voulu se moquer des Juifs en proclamant que Jésus était leur roi. Les Juifs s'alarmèrent quand ils virent cette déclaration; ils craignirent que les passants n'en tirassent la conclusion, effectivement assez naturelle, que Jésus était bien le roi des Juifs et que les Romains l'avaient fait mettre à mort parce qu'il leur portait ombrage. Mais Pilate refusa de rien changer à l'inscription; peut-être désirait-il lui-même se persuader qu'il avait eu ce motif pour abandonner Jésus à ses ennemis.

Le supplice de la croix était un des plus longs que la barbarie des hommes pût imaginer. Aucune des blessures des mains et des pieds n'étant mortelle, le condamné souffrait jusqu'à ce qu'une fièvre ardente, résultant des plaies que les clous irritaient et empêchaient de saigner, et de l'affreuse fatigue qu'éprouvaient les membres dans une position aussi forcée, prît un caractère convulsif, et, arrivée à son paroxysme, le fît enfin mourir. Mais la mort n'arrivait presque jamais avant trente-six heures d'agonie, et c'est pour cela qu'on faisait garder les crucifiés par des soldats, dans la crainte que des parents ou des amis ne vinssent, les enlever pendant qu'ils respiraient encore. C'était à ces soldats que les vêtements des suppliciés revenaient comme un triste salaire.

Pendant que ceux qui gardaient les trois croix de Golgotha « se partageaient entre eux les vêtements de Jésus et jetaient le sort sur sa robe, » combien peu ils se doutaient qu'ils accomplissaient une prophétie (1) et affermissaient ainsi notre foi en Jésus! Et près d'eux, Jésus souffrait et mourait pour que nous pussions tous, et eux aussi s'ils l'avaient voulu, être revêtus de cette robe sans couture de sa parfaite justice qu'il donne à tous ceux qui croient en lui. Il n'y a pas là, grâce et gloire à lui ! de partage à faire ou de sort à consulter; la robe blanche, la longue robe lavée dans le sang de l'Agneau (2), est tout entière pour chacun de ceux qui, d'un coeur sincère,, la désirent et la demandent.

De nos jours encore, on lui dit des outrages, branlant la tète et se moquant de lui; mais cela ne peut nous étonner ni nous troubler. De même que David avait prédit les sarcasmes dont le Sauveur serait abreuvé pendant son douloureux supplice, de même nous savons qu'il y a un signe des derniers temps dans le mépris qu'on témoigne maintenant à .lui et aux siens. Que cela nous encourage et nous excite à la vigilance. « Quand ces choses commenceront d'arriver, regardez en haut et levez la tête, parce que votre, délivrance approche (3). »

 

PRIERE.

Pendant que le monde te méprise et te méconnaît, pendant qu'il traite ton amour comme une chose de peu de valeur et ton sang comme une chose profane, Seigneur Jésus, nous voudrions au contraire redoubler de dévouement pour toi. Puisse ton petit troupeau te donner en sujets de joie ce que le monde te donne en sujets de tristesse! Nous te rendons grâces pour le bienfait immense, et au-dessus de tout autre, que tu nous as accordé en nous choisissant dans le monde pour nous révéler ton amour, pour nous donner d'y croire et pour nous revêtir de ta justice comme de l'habit de noces qui nous permettra d'entrer un jour dans ton ciel de gloire. Seigneur Jésus, fais-nous comprendre l'étendue de nos privilèges, fais-nous sentir aussi notre responsabilité devant toi, qui as tant fait pour nous amener à la connaissance bénie. Nous te le demandons au nom de ton amour. Amen.


Table des matières
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1. Ps. XXII, 19.

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2. Apoc., VII, 13, 14.

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3. Luc, XXI, 28.