MATTHIEU, XXVII, 15-30. Jésus livré.
Pilate venait de prendre place sur son tribunal pour en finir avec le 'jugement de Jésus, et nous pouvons nous représenter dans quelle misérable situation d'esprit il se trouvait, lorsque le messager de sa femme vint ajouter à sa perplexité. Dieu a mille moyens pour avertir les pécheurs; à ceux qui possèdent sa Parole, il parle habituellement par sa Parole; aux autres, il adresse les avertissements les plus propres à faire impression sur eux. Le devoir de tous est d'être dociles à sa voix; mais, hélas! combien souvent les conseils les plus sérieux, les sollicitations les plus pressantes, échouent devant l'empire du péché sur le coeur! Il en fut ainsi de Pilate.
Le fait que les principaux sacrificateurs et les scribes ont persuadé au peuple de demander l'élargissement de Barrabas et la mort de Jésus, est peut-être la preuve la plus palpable de leur haine aveugle contre le Sauveur. Barrabas était un homme dangereux pour la société; si Pilate le leur avait nommé à l'exclusion de tout autre, c'était en comptant qu'ils aimeraient cent fois mieux laisser aller Jésus que voir Barrabas libre : et ils demandaient Barrabas! Aussi ce choix inouï fut-il sévèrement reproché quelques semaines plus tard par l'apôtre Pierre au peuple juif tout entier : « Vous avez mis à mort le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous relâchât un meurtrier ! » Pilate fut tellement confondu de leur décision, qu'il crut devoir l'attribuer à quelque étrange affection de leur part pour Barrabas, et offrit de relâcher Jésus aussi; mais ce n'était pas ce qu'ils voulaient. Toute cette scène ne montre-t-elle pas de la manière la plus évidente que les applaudissements ou les outrages des multitudes ont bien peu de valeur, et que les disciples de Jésus ne doivent être ni découragés par les uns, ni enorgueillis par les autres ? Le tumulte devint tel que Pilate craignit pour son autorité et même pour sa sûreté personnelle : l'âme bourrelée de remords, il céda enfin. Il céda... Pauvre Pilate, comme il aurait voulu laver sa conscience, et tranquilliser son âme en se lavant les mains devant le peuple, vaine cérémonie qui ne fit que rendre sa honte plus éclatante et plus frappant son témoignage en faveur de l'innocence de Jésus!
Peut-on lire sans terreur la malédiction que les Juifs ont prononcée contre eux-mêmes et leur postérité, en acceptant d'avance les suites que pourrait avoir le meurtre de Jésus? Quelle effrayante preuve de leur endurcissement ! Ah I ce n'était heureusement pas cela qui fermait à leurs descendants la porte du salut; si les Juifs de nos jours sont finalement perdus, ce sera pour avoir eux-mêmes refusé de croire ; mais, en mettant Jésus à mort, ils abandonnaient l'alliance de Dieu et se plaçaient, eux et leurs enfants, dans la voie de l'incrédulité. Voilà pourquoi, au dernier jour, leurs enfants leur demanderont compte de la malédiction qu'ils ont attirée sur eux. Le sang de Jésus est sur cette race, jadis si privilégiée, aujourd'hui si dégradée : puisse-t-il ne' pas reposer toujours sur elle en malédiction, puisse-t-elle y voir la source ouverte pour le péché et pour la souillure et y trouver le salut! Et puisse de cette bienheureuse manière le sang de Jésus être sur nous aussi et sur nos enfants !
PRIÈRE.
Oui, Seigneur Jésus, nous te le disons avec adoration, que ton sang précieux, qui lave et qui purifie, soit sur nous et nos enfants à jamais! Nous nous approchons par la foi de ta croix sacrée, et nous nous plaçons à tes pieds pour être arrosés de ce sang qui nous fait entrer dans l'alliance de grâce. Sois béni de t'être offert à Dieu pour nous comme une oblation et une victime d'agréable odeur! Sois béni de ce que nous savons que tous ceux, quels qu'ils soient, qui iront te demander d'avoir part à ton sacrifice, entendront ta voix leur dire : Ta foi t'a sauvé! Gloire à toi, Seigneur Jésus, dès maintenant et aux siècles des siècles. Amen.