JEAN, XIX, 1-13.

Jésus devant Pilate.

 

Les soldats chargés de flageller le Sauveur ne comprirent que trop bien l'impie et cruelle plaisanterie d'Hérode; ils ajoutèrent à la robe blanche dont il avait revêtu Jésus les insignes de la dignité impériale, le manteau de pourpre, la couronne et le sceptre; seulement, cette couronne était d'épines et ce sceptre était un roseau.

En condamnant Jésus à la peine du fouet, ce qui était une infamie puisqu'il ne croyait pas à la culpabilité du Sauveur, Pilate espérait apaiser les Juifs et les dévider à ne pas demander davantage. Quelle lâche et misérable concession ! «Voici l'homme, » leur dit-il en le leur amenant ensuite. Dans sa pensée, cela signifiait : Voyez comme il est peu dangereux, maintenant que son supplice lui a fait perdre tout prestige aux yeux du peuple. Mais en prononçant ces deux mots, Pilate prophétisait sans le savoir. Jésus était bien « l'homme» par excellence dans ce moment d'expiation. Il portait sur lui les péchés et les douleurs de l'humanité, pour la réconcilier avec Dieu et, nouvel Adam, la relever en la rendant à la magnifique destination que le premier Adam lui avait fait perdre.

Pilate «craignit encore davantage» quand on lui dit que Jésus se disait Fils de Dieu; si grand est le pouvoir de la conscience même sur les plus endurcis, si fidèle est la grâce de Dieu cherchant à. réveiller le pécheur pour le sauver. Terrible exemple pour ceux qui, sans être disciples de Jésus, éprouvent une certaine sympathie pour lui et pour sa doctrine. La conscience de Pilate a été jusqu'à lui faire aborder avec terreur la pensée que Jésus était peut-être, en effet, le Fils de Dieu, et sa question au Sauveur : « d'où es-tu?» revenait à lui demander quelle était son origine, car Pilate connaissait bien le lieu de naissance de Jésus. Jésus ne répondit pas, sans doute parce qu'il savait que Pilate n'était pas convenablement disposé pour recevoir la déclaration de sa divinité, et le prendrait pour un de ces dieux du paganisme qui passaient pour avoir revêtu parfois une forme humaine. Devant le silence de Jésus, Pilate s'irrita à son tour; il ne comprenait pas le calme de ce prisonnier sur lequel il croyait avoir droit de vie et de mort; mais la majestueuse réponse de Jésus : « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi s'il ne t'avait été donné d'en haut, » le replongea dans toutes ses craintes, et son désir de délivrer le Sauveur s'en augmenta. Peut-on sans un mélange d'indignation et de pitié se représenter ce qui se passait dans son âme? Et que penser de ces Juifs qui allèguent, pour obtenir la mort de Jésus, leur zèle pour l'empereur romain, eux qui s'étaient toujours montrés à son égard les sujets les plus hostiles et les plus rebelles !

Pilate habitait à Jérusalem l'ancien palais d'Hérode. « Le lieu appelé le Pavé et en hébreu Gabbatha, » était une salle haute revêtue d'un pavé le mosaïque semblable à ceux que les gouverneurs romains avaient coutume de faire placer dans toutes leurs salles publiques. C'était là que s'élevait le siège judicial de Pilate.

 

PRIERE.

Comme ils t'ont traité, Seigneur Jésus! Les amertumes dont tu as été abreuvé ont bien montré en toi celui que les prophètes ont appelé le méprisé et le dernier d'entre le peuple, l'homme de douleur et qui sait ce que c'est que la langueur! Bon Sauveur! fais-nous sentir que ce ne sont pas seulement les Romains et les Juifs qui t'ont pressé et accablé; c'est nous aussi, puisque sans nos péchés tu n'aurais pas eu besoin de te soumettre à cet excès d'abaissement! Aussi te demandons-nous du fond de notre âme de nous pardonner la part que nous avons eue à tes souffrances de toutes sortes, et d'accepter comme témoignage de notre repentir et de notre gratitude le seul don que nous puissions te faire, celui de notre coeur, de notre volonté, de notre vie. Amen.


Table des matières
.