Jésus devant Hérode.
Éluder une difficulté n'est pas la résoudre; et si c'est par lâcheté ou par infidélité qu'on recule devant une décision à cause des conséquences qu'elle peut avoir, on n'est pas moins coupable que si l'on prenait la décision contraire. Souvenons-nous-en si jamais nous sommes tentés d'imiter Pilate renvoyant Jésus à Hérode, c'est-à-dire de différer d'accomplir ce que nous savons être un devoir, ou de nous dégager d'une responsabilité en la rejetant sur d'autres personnes. Surtout, n'hésitons jamais lorsqu'il s'agit de nous ranger sous la bannière de. Jésus ou de prendre ouvertement parti pour lui. Bien des gens qui ne peuvent nier la nécessité de la foi et de la conversion croient se tirer d'embarras en remettant à plus tard les pensées sérieuses; autant vaudrait dire hardiment : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous (1); » on serait au moins dans une position franche, et, en fin de compte, on ne serait pas plus éloigné du royaume des cieux.
Hérode aurait pu, en plus d'une occasion, voir et entendre Jésus en Galilée; mais, bien qu'il en eût secrètement le désir, jamais il n'avait osé se mettre directement en rapport avec lui, soit qu'il eût peur que Jésus ne lui reprochât la mort de Jean-Baptiste, soit qu'il craignît l'opinion publique. Se trouvant à Jérusalem pour la Pâque, il se félicita d'autant plus de pouvoir satisfaire sa curiosité tandis que Jésus comparaissait devant lui comme accusé. L'insensé ! sa joie ne fut pas de longue durée.
Le Sauveur, qui avait fait tant de miracles en faveur des plus humbles sujets d'Hérode, non-seulement n'en fit aucun pour répondre au désir du roi, mais encore garda devant lui le plus profond silence. Ce silence, qui condamnait Hérode, condamne aussi tous ceux qui se croient permis de n'user des choses de Dieu qu'à leur convenance, au lieu de saisir avec un saint empressement les moyens de salut à leur portée. « La grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, a été manifestée, » et tous, à un moment donné, sont mis en rapport avec elle; mais si elle leur est offerte et non imposée, ce n'est pas qu'ils puissent garder une attitude indifférente : qui n'accepte pas cette grâce la repousse; il n'y a pas de milieu. Hérode l'avait repoussée, et le moment favorable était passé pour lui; il ne tarda pas à montrer combien complètement son coeur était fermé à Jésus. Son orgueil froissé s'irrita du silence du Sauveur, et il le traita comme Pilate lui-même ne l'avait pas fait. « L'habit éclatant » qu'il lui fit mettre pour se moquer de lui était sans doute la robe blanche que portaient les princes juifs.
PRIÈRE.
Seigneur Jésus! fais-nous la grâce de t'ouvrir notre coeur ait jour de notre visitation! Tu multiplies les appels à ceux qui n'ont pas encore été à toi pour te demander le repos de leur âme; tu les multiplies même à tes disciples pour les détacher de plus en plus du monde et du péché : nous désirons écouter docilement ta voix et y répondre avec amour. Viens faire en nous et pour nous infiniment au delà de tout ce que nous demandons et pensons; viens nous faire trouver en toi la joie et la paix, une joie et une paix véritables, fondées sur l'inébranlable assurance que nous sommes à toi et que tu es à nous, une joie et une paix qui nous aident à courir dans la voie de tes commandements, pleins de courage et de sainte résolution. Préserve-nous d'apporter jamais à la recherche des choses saintes un esprit de vaine curiosité; qu'elles soient pour nous l'objet de l'intérêt le plus direct et le plus personnel. Accorde-nous, Seigneur, une abondante mesure de ton Saint-Esprit, afin que nous soyons éclairés et fortifiés en toute manière par ta force glorieuse. Nous te le demandons au nom de ton Fils. Amen.
1. Luc, XIX, 14.