Mort de Judas.
Il était environ cinq heures du matin. Les membres du Sanhédrin, qui venaient de condamner Jésus, se réunirent d'une manière moins irrégulière dans le lieu ordinaire de leurs séances, une salle dépendant du Temple, pour aviser aux moyens d'obtenir du gouverneur romain qu'il confirmât leur sentence et l'exécutât. Il est à remarquer que, très-peu de temps auparavant, les Romains avaient interdit aux Juifs de mettre eux-mêmes à mort aucun condamné. Ils s'étaient réservé ce droit, préparant ainsi l'accomplissement des prophéties d'après lesquelles Jésus devait être crucifié. Il fallait pour cela qu'il fût livré aux Gentils; les Juifs ne crucifiaient pas leurs criminels, parce qu'il était écrit : «Maudit est quiconque est pendu au bois. »
Il est très-important de recueillir le témoignage du malheureux Judas sur l'innocence de Jésus. Toute l'efficace de la mort du Sauveur pour l'expiation de nos péchés dépendait de cette innocence. Si Jésus avait eu un seul péché, il aurait dû mourir pour son propre compte, et, par conséquent, il n'aurait pu nous sauver; or, s'il n'avait pas été vrai, et manifestement vrai, que personne ne pouvait le convaincre de péché, Judas aurait été trop heureux de trouver là quelque prétexte pour excuser son crime. Il ne put pas même essayer de le faire, et aucun de ses complices ne chercha à répliquer lorsqu'il leur dit: « J'ai péché en trahissant le sang innocent. » Oui, Jésus est bien « le Saint et le Juste, » «l'Agneau sans défaut et sans tache. »
C'est un terrible spectacle que celui que nous offre Judas, et ce n'est certainement pas sans motifs que la Parole de Dieu nous raconte ses remords, son désespoir et sa misérable fin, immédiatement après nous avoir parlé de la lourde chute de Pierre, de sa repentance et de son relèvement.
Voilà la différence entre la foi qui sauve et la foi des démons, entre la tristesse selon Dieu, qui produit une repentance à salut, et la tristesse du monde, qui produit la mort. Judas éprouva des remords affreux; mais son coeur ne fut cependant pas touché, parce qu'il s'était endurci au point de n'être plus accessible à la repentance. On peut regretter amèrement un péché à cause des conséquences qu'il entraîne, sans être salutairement humilié.
L'histoire de Judas nous enseigne plus encore. Elle nous montre qu'il ne peut y avoir dé bonheur réel dans le péché. Ce fut ce que Judas avait le plus désiré pendant un moment qui le conduisit au désespoir et à la mort. Remarquons aussi que l'union entre les méchants est de courte durée; chacun d'eux ne se joint aux autres que pour en venir à ses fins; quand il y trouvera son intérêt, il les abandonnera infailliblement. La seule vraie fraternité est celle qui unit les uns aux autres les membres du corps de Christ.
PRIÈRE.
0 Seigneur! Quand nous pensons avec terreur et pitié à ce malheureux Judas, que le douloureux frémissement de notre âme nous fasse éprouver comme tout de nouveau le besoin de nous jeter dans les bras paternels! Là nous sommes à l'abri des assauts de cet ennemi qui rôde autour de nous comme un lion rugissant; là nous savons que nous trouverons toujours le pardon pour les péchés, quels qu'ils soient, que nous viendrons te confesser; là nous puiserons toujours la bienheureuse assurance qu'il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, et que rien ne nous séparera de l'amour de Christ. Garde-nous, ô Dieu fort! car nous nous sommes retires vers toi. Mets-nous à couvert sous l'ombre de tes ailes; que ta vérité soit notre bouclier et notre écu. Sanctifie-nous toi-même parfaitement, afin que tout ce qui est en nous, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ Nous t'en supplions au nom de ce bon Sauveur. Amen.