LUC, XXII, 60-62.

Chute (le Pierre. 2.

(Lire Il Cor., VII. 5-11.)

 

En ceci est l'amour du Seigneur pour ses enfants, même les plus faibles et les plus indignes, que s'il permet à Satan de les tenter, il ne lui permet pas de les reprendre en sa puissance, « car les dons et la vocation de Dieu sont irrévocables. » Lui-même veille sur eux pour les ramener à lui humiliés et repentants, et sa grâce donne souvent à une circonstance insignifiante en elle-même le pouvoir de parler à leur conscience, rendue attentive par le Saint-Esprit. « Comme Pierre parlait encore, le coq chanta. » Ce chant fit plus que frapper l'oreille du disciple, il pénétra jusqu'au fond de son âme; saisi, bouleversé, Pierre leva sans doute sur le Sauveur un regard d'angoisse : « Au même instant, le Seigneur s'étant retourne, regarda Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, et comment le Seigneur lui avait dit: Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.»

Pierre se souvint ! sous l'influence de ce regard, le jour se fit dans ses impressions tumultueuses; il se rappela sa présomption, ses promesses, les avertissements de son Maître, son obstination, la douceur de Jésus lui laissant le dernier mot ... Et maintenant, pendant que le Sauveur, majestueux et gardant le silence, comparaissait devant ses juges, il pensait à ce pauvre disciple infidèle qui ne voulait pas être regardé comme sien; il avait écouté en priant pour Pierre ces blasphèmes dont il était l'occasion; il avait prévu la honte et la douleur que le disciple éprouverait en revenant. à lui; et ne pouvant ni aller à Pierre puisqu'il était lié, ni lui parler, ce qui aurait compromis la sûreté de l'apôtre, il se tournait doucement vers lui, et lui jetait un regard de reproche, de pitié, d'amour, de pardon, de consolation, de relèvement !

Oh ! ce regard de Jésus, quelle puissance il a pour briser le coeur, et combien Pierre dut souffrir de ne pouvoir sur l'heure se jeter aux pieds de Jésus et lui demander pardon ! « Alors Pierre, étant sorti, pleura amèrement. » De même que son orgueilleuse confiance avait été le premier pas vers sa chute, son humiliation fut le premier pas vers son relèvement. La douleur causée par le péché, même quand on sait que ce péché n'appelle pas sur celui qui le commet la condamnation de la loi, ne doit pas, ne peut pas être légère. Et pourtant, rappelons-nous que ce ne sont pas les larmes de la repentance qui effacent nos péchés, mais seulement la grâce de Dieu et le sang de Jésus.

La chute de Pierre nous est racontée par les quatre évangélistes, tant est grande l'importance que le Seigneur attache à ce que nous serrions dans notre coeur les instructions qu'elle nous donne. Gardons-nous de pécher par une transgression semblable à celle de Pierre, en négligeant les avertissements du Seigneur, en résistant à son Esprit, en ayant honte de lui ou de ses paroles, en craignant de souffrir pour son nom. Nous ne savons pas ce que nous ferions dans telle situation si nous étions abandonnés à nous-mêmes : apprenons donc à nous tenir toujours plus étroitement unis à notre Dieu.

 

PRIÈRE.

Sois béni, Seigneur notre Dieu et notre Père, pour ta tendre miséricorde envers tes pauvres enfants même lorsqu'ils se laissent égarer en suivant leur propre chemin! Sois béni pour ces pardons répétés que tu leur accordes pendant tout le cours de leur carrière chrétienne; sois béni pour la douleur que tu leur fais éprouver chaque fois qu'ils sont tombés dans le péché! Rends-nous fidèles à retirer de l'histoire de la chute de Pierre tous les enseignements dont elle abonde pour nous; qu'elle augmente notre crainte de te déshonorer par notre conduite, et notre désir de te glorifier en nous tenant toujours plus près de toi en Jésus; qu'elle nous fasse reconnaître et sentir que là seulement nous sommes en sûreté. Puisque tu as délivré notre âme de la mort, préserve aussi nos pieds de broncher, afin que nous marchions devant toi dans la lumière des vivants. Amen.


Table des matières
.