MATTHIEU, XXVI, 69-fin, et JEAN, XVIII, 15-18, 25-27.

Chute de Pierre. 1.

 

En quittant le jardin de Gethsémané, Pierre avait suivi Jésus de loin avec Jean. Celui-ci, qui n'était pas d'une condition aussi humble que ses compagnons d'apostolat, connaissait le Souverain Sacrificateur et se prévalut de cette circonstance pour obtenir la permission d'entrer dans la maison avec le Sauveur; lui, du moins, ne cherchait pas à cacher sa liaison avec Jésus. Pierre, que la portière ne connaissait pas, ne fut pas admis; mais son compagnon, s'apercevant de son absence et le supposant plus désireux de rester auprès de son Maître qu'il ne l'était probablement, agit en ami dévoué et revint sur ses pas pour prier la portière de le laisser entrer., ce qu'elle fit. Ici commence l'histoire d'une des plus lamentables chutes qui nous soient rapportées dans la Parole de Dieu. Au lieu de se tenir à l'écart, les yeux fixes sur son Maître, et cherchant par la prière à fortifier son propre courage qui déjà lui faisait défaut, Pierre se mêla à la foule, payant d'audace pour éviter d'attirer l'attention, et se plaça parmi ceux qui se chauffaient au milieu de la cour. Or, quand un disciple se mêle au monde parce qu'il n'a pas le courage de « sortir après Christ hors du camp en portant son opprobre,» il est sur une pente dangereuse et bien près du péché.

Le Seigneur confond impitoyablement la ruse, quelque soit celui qui y a recours. Il permit que la portière, qui avait fait entrer Pierre, s'approchât du feu, et regardant le disciple, peut-être sans intention, le reconnût. « Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen, » dit-elle, probablement d'un ton de surprise. Pierre fit semblant de ne pas même la comprendre, et, pour cacher son trouble, se leva et passa dans la cour extérieure ou vestibule; ce fut alors que le coq chanta pour la première fois. Mais dans la cour extérieure, la portière et d'autres personnes lé, remarquèrent encore, et se le désignèrent ouvertement comme « un de ces gens-là. » Pierre mentit de nouveau; mais il avait fait un pas dans l'endurcissement, et cette fois, il appuya son mensonge d'un serment. Environ une heure après, comme il était sans doute revenu dans la grande cour et s'efforçait de causer pour donner le change à ceux qui l'entouraient, plusieurs personnes le reconnurent à son accent galiléen, et un parent de ce Malchus auquel il avait coupé l'oreille vint lui dire: « Ne t'ai-je pas vu dans le jardin avec lui? » La terreur s'empara de lui; il craignit qu'on ne lui réservât un châtiment, ce qui était en effet probable, et « il se mit à faire des imprécations contre lui-même, » c'est-à-dire à appeler sur lui la malédiction de Dieu s'il ne disait pas la vérité, ( et à jurer, disant : Je ne connais pas cet «homme-là. » Ah ! qui peut dire où l'on s'arrêtera sur la route de l'infidélité?

 

PRIERE.

Quelle triste histoire que celle de la chute de Pierre, ô notre Dieu! Mais fais-nous sentir que si tu nous l'as conservée, c'est parce qu'elle est pour nous d'une utilité directe. Seigneur, empêche-nous de compter sur nos propres forces; quand le courage nous manque pour te suivre et te confesser, donne-nous de ne pas essayer de le faire en appelant à notre aide notre énergie ou notre résolution, mais de crier à toi, et tu subviendras à notre infirmité. Empêche-nous de nous laisser jamais aller par lâcheté à des compromis avec le monde, à des concessions infidèles; par ta force puissante rends-nous fermes et inébranlables, heureux dans l'assurance que celui qui te confessera, tu le confesseras aussi. Nous nous remettons entre tes mains; nous savons que nous sommes incapables de rien faire sans ton secours; mais puisque tu as daigné commencer en nous ton oeuvre de grâce, daigne produire en nous la volonté et l'exécution selon ton bon plaisir, pour l'amour de notre Sauveur. Amen.


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