Jésus devant Anne.
Anne n'interrogea pas Jésus sur ses oeuvres, parce que celles-ci étaient assez connues et portaient en elles-mêmes leur justification; il ne désirait pas fournir au Sauveur des moyens de défense. Jésus le savait bien, et ce fut pour le faire remarquer au Souverain Sacrificateur lui-même qu'il lui dit : «Pourquoi m'interroges-tu? » En effet, Jésus avait toujours enseigné assez ouvertement dans le Temple, et dirigé ses disciples d'une manière assez ostensible, pour qu'on ne pût se faire illusion sur sa conduite et ses desseins. «Interroge ceux qui m'ont entendu. » Nous aussi, nous avons entendu Jésus : savons-nous ce qu'il enseigne, le savons-nous surtout dans notre coeur? Et peut-il en appeler à notre témoignage, se reposant sur nous du soin de le défendre devant le monde?
Anne ne pouvait rien répliquer, mais il n'empêcha pas son serviteur de frapper Jésus : telle est souvent la ressource des persécuteurs. Peut-être le serviteur, aveuglé par son zèle pour son maître, croyait-il sincèrement devoir se conduire de la sorte; mais il avait tort de frapper, ce qui n'est jamais une manière de répondre, et même a supposer qu'il fût de bonne foi, il n'en était pas moins dans l'erreur. L'esprit humain est faussé par le péché, aussi ne suffit-il pas, pour bien agir, de croire qu'on agit bien; et pourtant que de personnes qui reçoivent et croient sans examen les plus fausses doctrines en se reposant sur leur sincérité! Puissent les disciples de Jésus, non-seulement se laisser guider par le Saint-Esprit dans toute la vérité, mais encore apprendre à soutenir cette vérité qui leur est chère dans l'esprit de Jésus, avec l'humilité et la patience de Jésus. Il faut « répondre avec douceur à ceux qui sont d'un sentiment contraire, afin de voir si Dieu ne leur donnera pas la repentance pour connaître la vérité. »
De chez Anne, on conduisit Jésus chez Caïphe, dans une autre pièce de la même maison. Pour bien comprendre dans tous leurs détails les émouvantes scènes qui vont suivre, il faut se rappeler la manière dont sont construites les maisons de l'Orient. Elles forment un carré dont le centre est une grande cour découverte appelée cour intérieure, et sur laquelle ouvrent tous les appartements. Du côté de la façade, au lien d'appartements se trouve une autre cour, qui est la cour extérieure et qui forme une sorte de vestibule. Un portier garde l'entrée principale de la maison, un autre celle de la cour intérieure. Ce fut dans celle-ci que les soldats et les serviteurs armés, n'ayant plus à s'occuper de Jésus, se réunirent et allumèrent du feu. La pièce dans laquelle Jésus comparut devant le Sanhédrin n'étant pas fermée du côté de la cour, on pouvait voir du dehors tout ce qui s'y passait.
PRIÈRE.
Donne-nous, ô notre Dieu, par la puissance de ton Saint-Esprit, les mêmes sentiments qui animaient Jésus; nous saurons alors ce qu'il faut faire pour marcher comme il a marché. Enseigne à tes enfants à défendre d'une manière conforme àl'Évangile leurs glorieux principes; inspire-leur l'amour de la vérité et l'ardent désir d'amener à elle tant de pauvres âmes indifférentes qui restent de bonne foi dans les filets du père du mensonge. Seigneur notre Dieu, fais-nous la grâce d'avoir une conduite si évidemment conforme à l'Évangile de Christ, qu'il puisse nous suffire, si nos principes sont attaqués, d'en appeler comme Jésus au témoignage de ceux qui nous voient ou nous entendent. Qu'ainsi notre vie tout entière proclame La vérité; que la lumière que ta grâce a daigné mettre en nous ne cesse de briller à ta gloire, ô notre Père qui es aux cieux! Nous te le demandons au nom de notre bon Sauveur. Amen.