Arrestation de Jésus.
Les disciples dormaient! Pierre même, Jacques et Jean, auxquels Jésus avait dit: « Demeurez ici et veillez avec moi! » Leur tristesse et leur trouble ajoutaient à leur fatigue; mais s'ils avaient prié, ils auraient pu veiller une heure, eux qui, pour gagner leur vie, avaient une fois pêché pendant toute une nuit. Jésus ne leur adressa aucun reproche; il sait de quoi nous sommes faits, aussi dans nos faiblesses et nos misères ne nous témoigne-t-il pas de sévérité; mais quelle honte pour ses disciples d'être si vite lassés et assoupis pendant qu'il y a tant à faire pour s'opposer à ses ennemis et soutenir sa cause! « Simon, tu dors? » nous dit le Seigneur, lorsque, oubliant que la vie est un train de guerre, nous cherchons ici-bas le repos qui nous attend dans le ciel. Quand le Seigneur adressa cette parole à Pierre pour lui faire remarquer qu'il se préparait mal à tenir sa présomptueuse promesse, il l'appelait par son ancien nom; Pierre n'était plus digne du nouveau dans un moment où le vieil homme avait repris sur lui tout son empire. «Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation, car l'esprit est prompt, mais la chair est faible. »
Il est important d'observer que la troupe qui vint se saisir de Jésus ne se composait, autant du moins que nous pouvons en juger d'après les récits sacrés, que de gens salariés, envoyés par les autorités. Ce ne fut pas le mouvement populaire qui entraîna la mort du Sauveur; ce fut la résolution calme et froide du Sanhédrin, guidé par sa haine contre Jésus. Cela ne veut pas dire que Jésus aurait pu faire fonds sur le peuple, puisque ce peuple ne croyait pas véritablement en lui; mais il y a dans ce fait une preuve que l'Évangile répond: aux besoins de l'homme et qu'il n'est repoussé de sang-froid que par les intérêts personnels et les passions coupables.
La première parole du Sauveur aux soldats qui suivaient le traître leur causa un tel saisissement qu'ils reculèrent et tombèrent par terre. Si deux mots de Jésus dans, ses jours d'humiliation, si le regard dont il accompagna ces mots, ont eu alors tant d'effet sur ses ennemis, quelle ne sera pas la puissance de ce regard et de cette voix quand le Sauveur, devenu le juge des vivants et des morts, sera assis sur le trône de sa gloire! Mais pouvons-nous assez admirer l'inaltérable, la merveilleuse patience de Jésus, s'abaissant jusqu'à recevoir le baiser de Judas, et se bornant à un doux reproche qui aurait brisé le coeur du traître si ce coeur n'avait été déjà complètement endurci? « Mon ami, pour quel sujet es-tu ici? » et, le baiser reçu : « Judas, trahis-tu ainsi le Fils de l'homme par un baiser?,, Ah ! que Jésus a bien acquis le droit de nous dire : «Aimez vos ennemis! »
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, nous venons à toi dans notre faiblesse et notre indignité, pour te demander de nous faire recevoir dans des coeurs dociles et pleinement ouverts à l'influence de ton Évangile, chacun de ces traits de la vie et de la mort de notre Sauveur. Rends-nous patients comme Jésus l'a été; apprends-nous à être saints dans toute notre conduite, à l'exemple de celui qui nous a appelés et qui est la sainteté même; fais-nous penser souvent au moment solennel où nous devrons comparaître devant le tribunal de Christ; fais-nous surtout prêter une tendre et sérieuse attention aux avertissements du Sauveur à ses pauvres disciples, si faibles, si peu vigilants; nous ne le sommes pas plus qu'eux, et nous sommes comme eux environnés de dangers. Donne-nous donc de veiller et de prier, de peur que nous ne tombions en tentation. Amen.