Jésus prédit la chute de Pierre. (Lire Zach., XIII.)
Jésus connaissait assez la faiblesse de ses disciples pour savoir que ses avertissements ne les empêcheraient pas de l'abandonner au moment du danger; aussi destinait-il surtout ces avertissements à les soutenir dans leur détresse, en leur rappelant que tout ce qui lui arrivait avait été prédit dans les Écritures. Mais peut-on lire sans tristesse ce simple récit de son entretien avec Pierre?
Le Sauveur veut persuader son disciple de se défier de lui-même et de son ardeur irréfléchie, pour chercher auprès de Dieu la force d'être fidèle; et le disciple persiste à n'écouter que sa présomption, faisant ainsi le premier pas vers sa chute et donnant un déplorable exemple à tous ses compagnons; car tous dirent la même chose, » chacun craignant sans doute, s'il se taisait, de paraître moins dévoué que les autres. « Simon, Simon, » reprit encore le Sauveur, « Satan a demandé à vous cribler comme on crible le blé; mais j'ai prié pour toi, que ta foi ne défaille point; » touchante parole, qui montrait que le Sauveur prévoyait pour Pierre une chute plus lourde encore que celle des autres disciples, et éprouvait le besoin de recommander cette âme si vive et si impressionnable à celui qui seul pouvait la préserver d'une défection complète; mais cette parole fut encore perdue pour le bouillant apôtre. Jésus, dans son amour patient, lui laissa le dernier mot, sachant que cette leçon lui était nécessaire, et sachant aussi que grâce à la prière de son Maître, il en retirerait un fruit béni; mais combien le souvenir de ce silence du Sauveur dut ajouter plus tard à la honte et à la douleur du disciple repentant!
Ah ! il fallait que Pierre apprît à se connaître lui-même, et il faut que nous l'apprenions comme lui, nous qui sommes naturellement portés à avoir de nous-mêmes une plus haute opinion que nous ne devons, à nous croire capables de surmonter des tentations difficiles, de vaincre des obstacles, de supporter beaucoup pour Jésus; ceux qui éprouvent le plus de sécurité sont moins en sûreté que d'autres, parce qu'ils ne se tiennent pas sur leurs gardes et que Dieu les abandonne alors à eux-mêmes pour les humilier. Ce n'est pas en vain que l'apôtre Paul, s'adressant à des chrétiens fidèles auxquels il pouvait dire : « Vous avez toujours obéi, ajoute cependant à ce témoignage cette recommandation « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, car c'est Dieu qui produit en vous la volonté et l'exécution. (1) » « Que celui donc qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe; » « soyez ornés d'humilité, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles, » et tandis que l'orgueil marche devant l'écrasement,,, ceux « qui ont leur confiance au nom de l'Éternel » sont encouragés à « s'appuyer sur leur Dieu.), « Quiconque croira en lui ne sera point confus. »
PRIÈRE.
Tu nous as multiplié les avertissements quant à notre faiblesse, les appels à la vigilance, les exhortations à l'humilité, Seigneur notre Dieu : ne permets pas que nous nous endormions dans l'indifférence ou que nous tombions jamais dans la présomption! Donne-nous, nous t'en supplions, de nous appliquer les paroles de Jésus à Pierre, de sentir qu'il est vrai pour tous tes enfants que leur ennemi cherche à les cribler pour les détacher de toi; que nous ne fassions pas comme Pierre, que nous profitions de son triste exemple! Prends soin de nous, Seigneur Jésus, tu connais mieux que nous nos tentations et notre misère, tu sais qu'il nous est facile de prendre les résolutions les plus sincères, mais tu sais aussi que, le moment venu de les exécuter, nous sommes souvent pris au dépourvu parce que nous ne soupçonnions pas ce qu'était notre faiblesse. Viens à notre secours, et rends-nous fidèles, en nous rendant défiants de nous-mêmes et en nous apprenant à compter sur toi. Amen.
1. Phil., II, 12.