Le monde.
On se trompe souvent sur la portée de ce mot de monde auquel la Parole de Dieu attache toujours un sens qui appelle sa sévérité. Il est trop généralement admis que ce qu'elle désigne par le monde, dans des passages comme celui qui nous occupe, est ce qu'il y a de plus mauvais dans le monde, les impies, les incrédules déclarés, les gens qui repoussent ouvertement l'Évangile et ont recours aux persécutions sanglantes pour nuire à ses progrès; c'est là une idée bien fausse. Le monde, selon Dieu et sa Parole, se compose de tous ceux qui ne sont pas de vrais chrétiens., sauvés par grâce, régénérés par le Saint-Esprit, nés de nouveau et animés du désir de glorifier dans leurs corps et dans leurs esprits celui qui les a rachetés à grand prix. D'après cela, puisque Jésus nous enseigne que beaucoup de ceux-là mêmes qui se rattachent extérieurement à son Église ne sont pourtant pas convertis et n'entreront point dans le royaume des cieux, nous sommes forcés de reconnaître que beaucoup de ceux qui tiennent à s'appeler chrétiens font partie du monde, et sont compris dans les jugements que Jésus a dénoncés au monde. Ceci nous explique l'opposition que la vraie piété rencontre toujours, même de la part de gens se disant chrétiens.
Mais que s'ensuit-il pour nous? Un triple devoir : celui de ne pas chercher à plaire au monde, car nous ne serions pas serviteurs de Christ (1); celui de ne pas nous décourager ou nous trop attrister si nous nous voyons méconnus, repoussés, blâmés et critiqués à tout propos, pourvu, bien entendu, que notre coeur ne nous condamne point (2); celui d'examiner, d'après le plus ou moins de difficultés que nous avons à surmonter dans le monde, quelle est la valeur et l'influence de notre foi et de notre piété (3). Il n'est pas surprenant que le monde persécute Jésus et ses disciples; il les hait, parce qu'il voit dans leur foi et dans leur conduite la condamnation de sa conduite à lui et de son incrédulité.
Pour n'en citer qu'un exemple, pourquoi un homme du monde, fût-il chrétien de nom, taxera-t-il d'exagération ou d'extravagance un chrétien sincère qu'il verra consacrer au règne de Dieu la plus grande partie de sa fortune et de son temps ? Parce qu'il craindrait, en reconnaissant qu'il n'y a là qu'un « service raisonnable, » d'être obligé d'avouer qu'il devrait en faire autant; et c'est ce qu'il ne veut pas. Saint Paul nous dit que « par la foi, Noé... bâtit l'arche... et par elle il condamna le monde (4). » Il le condamna parce que ce monde insouciant et incrédule n'avait pas voulu recevoir ses exhortations et suivre son exemple; mais s'ils ne s'étaient obstinés dans le péché, la fidélité de Noé aurait été bénie pour ses contemporains. Aussi Noé est-il appelé « le prédicateur de la justice (5). Eh bien ! soyons fidèles comme lui., nous, chrétiens, nous, enfants de Dieu, puisque la même mission nous est confiée; « brillons comme des flambeaux dans le monde, y portant la parole de vie (6). »
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, apprends à tous tes disciples ce que tu attends d'eux lorsque tu leur dis de sortir du monde et de ne pas se conformer au siècle présent. Fais-nous comprendre de plus en plus pourquoi l'amour du monde est nécessairement inimitié contre toi; donne-nous de regarder à toi pour être conduits par toi en toute circonstance, et pour appliquer fidèlement à notre vie les directions que tu nous donnes à l'égard du monde. Seigneur, nous voulons t'obéir, te servir et te glorifier. Tu sais qu'il nous en coûte souvent d'accepter la position d'humilité et d'obscurité qui est faite aux tiens; tu sais que les persécutions petites ou grandes répugnent à notre coeur; tu sais aussi que pour te suivre dans le renoncement au monde il faut renoncer à nous-mêmes : Seigneur Jésus, veuille nous rendre toi-même fidèles et vigilants en toutes choses, nous t'en supplions. Amen.
1. Gal., I, 10. -
2. 1 Jean, III, 20, 21.
3. Luc, VI, 26.
4. Hébr., XI, 7.
5. Il Pierre, II, 5.
6. Phil,, II, 15.