« Si vous m'aimiez... » (Lire 1 Jean, II, 18-fin.)
Voici peut-être la seule occasion dans laquelle nous voyions le Seigneur Jésus diriger sur lui-même l'attention de ses disciples, et les exhorter à la sympathie pour ses souffrances en les engageant à se réjouir du repos et de la gloire qui l'attendaient auprès du Père. Et même en cette occasion unique, il n'y avait rien d'égoïste dans ces paroles du Sauveur. Jésus savait qu'il nous serait bon de penser à sa joie et à sa gloire, a nous qui comptons sur son amour, maintenant qu'il est dans le ciel, comme nous y compterions s'il était encore sur la terre; à nous qui savons qu'il fait maintenant servir sa toute-puissance dans le ciel et sur la terre à nous bénir et à nous aider. « Si vous m'aimiez., vous vous réjouiriez de ce que j'ai dit: Je m'en vais à mon Père, car mon Père est plus grand que moi. »
Ces paroles signifient que Jésus, en retournant au Père, allait rentrer en possession de la grandeur divine qui lui appartenait et dont il s'était momentanément dépouillé. Elles nous disent plus encore : ce touchant « Si vous m'aimiez... » nous révèle que ceux qui contestent la divinité de Jésus et son unité absolue avec Dieu, avec ce Père qui n'était plus grand que lui qu'aussi longtemps que le Sauveur était revêtu de la nature humaine, s'ils peuvent être sincères dans leur déplorable erreur, ne sont pourtant dans cette erreur que parce qu'ils n'aiment pas encore Jésus comme ils devraient l'aimer. Quel tendre et douloureux reproche Jésus leur adresse dans ce mot: «Si vous m'aimiez ! ... »
Ce qui faisait alors la joie de Jésus, cette confiance inébranlable que la mort allait être pour lui l'entrée dans la gloire du Père, est aussi ce qui, grâce à lui, fait au moment de la mort la paix et la joie de ceux qui ont le bonheur de pouvoir s'approprier la parole de saint Jean : « Nous savons que lorsqu'il paraîtra, nous lui serons faits « semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.,, C'est pour cela aussi que lorsqu'un de « nos bien-aimés nous quitte pour s'endormir dans la paix de Jésus, plus notre affection pour lui est grande et désintéressée, plus il nous est donné de nous réjouir au milieu de nos larmes de ce qu'il entre en possession de la gloire du ciel. « Je ne vous parlerai plus guère, car le prince de ce monde vient. »
Jésus savait qu'à l'heure de sa mort, cette heure maintenant prochaine, il serait séparé de ses disciples; aussi saisissait-il, pour leur donner ses dernières instructions, les courts moments qu'il avait encore à passer auprès d'eux. Nous ne savons pas de quelle mort nous devons mourir; nous ne savons pas si, à l'approche de la dernière lutte, il nous sera possible d'adresser des appels à ceux qui nous entourent et de rendre témoignage à l'Évangile : faisons-le donc, à l'exemple de Jésus, pendant que nous le pouvons. - «Mais il n'a rien en moi. » Ah! nous le savons, Seigneur Jésus! Il n'avait rien en toi, il n'a eu aucun pouvoir sur toi, il n'a pu te faire tomber dans le péché ni dans le doute, parce qu'il n'a trouvé en toi aucun de ces mauvais penchants qui auraient répondu à ses tentations. Il n'en est pas de même pour nous, hélas ! aussi avons-nous bien. besoin que la grâce de Jésus nous vienne en aide, et nous fasse remporter la victoire dans tous les combats que nous avons à soutenir.
PRIÈRE.
Viens à notre aide, Sauveur puissant qui as eu la victoire sur le monde, sur le prince de ce monde, sur la mort elle-même, et qui par cette victoire nous rends vainqueurs à notre tour! Seigneur Jésus, notre Maître et notre Dieu, nous te demandons de nous rendre tels que tu veux nous voir, et de détruire en nous l'empire de cette convoitise intérieure que tu n'as pas comme, et qui nous empêche de nous avancer vers ta parfaite stature comme nous devrions le faire, marchant de foi en foi, de sainteté en sainteté, de progrès eu progrès. Rends-nous fidèles à suivre ton exemple en toute chose, à te servir et à te glorifier comme tu as toi-même servi et glorifié le Père! Nous t'en supplions au nom de tes compassions infinies. Amen.