La paix de Jésus. (Lire Rom., V, 1-11.)
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; » la paix qui vient de lui, la paix qui était la sienne dans le moment où il s'avançait si rapidement vers l'agonie et vers la croix : sa paix! Oui, il était en paix. Il était en paix, c'est-à-dire ferme de coeur et calme d'esprit, parce qu'il était dans le droit chemin de la volonté de Dieu et qu'il pouvait avancer sans crainte., s'appuyant sur celui qu'il servait et glorifiait. Les hommes pouvaient le faire souffrir, les démons pouvaient s'interposer entre lui et son Père pour l'accabler sous le poids de notre malédiction; mais ni la terre ni l'enfer ne pouvaient lui ôter la certitude qu'il marchait sous le regard de Dieu, ni l'empêcher de tenir ses yeux fixés sur la joie qui lui était proposée, aussi certaine que certaine était la puissance de Dieu pour la lui donner. Voilà ce qui faisait sa paix.
Cette paix, il est bien vrai qu'il l'a laissée à ses disciples, et quel legs que celui-là! Par lui et en lui ils ont, non-seulement le bienheureux sentiment de leur réconciliation avec Dieu., et l'assurance que Dieu ne cessera de les conduire ici-bas par son conseil que lorsqu'il les recevra dans sa gloire, mais encore la ferme confiance qu'aussi longtemps qu'ils se tiendront, à l'exemple de Jésus, dans la volonté de Dieu, rien ne pourra leur nuire véritablement, parce que rien ne pourra les séparer de l'amour, de la puissance, de la fidélité., des tendres soins de leur Père céleste. C'est bien lui « qui est notre paix; » c'est bien grâce à lui que nous pouvons regarder le Maître des cieux et de la terre comme notre « Dieu de paix; , c'est bien lui qui conserve « la vraie paix,, à ceux qui se confient en lui; c'est bien à lui qu'ils peuvent dire du fond de leur coeur, même dans leurs plus grandes épreuves : « Éternel! tu nous donneras la paix, c'est toi qui nous as fait tout ce qui nous est arrivé (1). »
Qu'il y a loin de là à la paix que donne le monde, à cequ'il entend par ce mot, pour lui si vide de sens! Le monde s'efforcera quelquefois de donner la paix à des âmes troublées; mais ce sera en les étourdissant, en les aveuglant, en leur faisant oublier Dieu, l'éternité, le jugement, leur âme et leurs péchés, en leur disant : « Paix, paix, là où il n'y a « point de paix. » Triste et décevante tranquillité! paix illusoire qui ne subsiste pas même devant les épreuves du temps présent! Un souffle la fait envoler, et elle ne laisse dans l'âme que le ver rongeur du désespoir ou du doute. De quoi servira-t-elle au moment de la mort? Quelles terreurs épargnera-t-elle, quelle confiance inspirera-t-elle, quel refuge offrira-t-elle à l'enfant du monde saisi par l'horreur du péché? Ah! que bienheureux est celui qui a entendu et reçu l'appel du Seigneur : « Qu'il fasse* la paix avec moi, qu'il fasse la paix avec moi (2) ! »
PRIÈRE.
Ne permets pas que nous nous fassions illusion sur l'état de notre âme, ô Seigneur notre Dieu! Mais que chacun de nous ait bien véritablement la paix en toi, la paix de Jésus; que pour chacun de nous cette paix, appuyée sur le seul vrai fondement, soit inébranlable comme l'était celle de notre miséricordieux Sauveur. Nous reconnaissons qu'elle ne peut en aucune manière ni à aucun degré nous venir de nous-mêmes, mais nous savons que tu veux nous la donner. Donne-la-nous donc, Seigneur, en toute circonstance, et quand nous traversons des moments difficiles, que la conviction que nous marchons, comme Jésus, sous ton regard et dans ta volonté, nous fortifie et nous encourage, et nous fasse en toutes choses être plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Amen.
1. Ésaïe, XXVI, 3, 12.
2. Ésaïe, XXVII, 5.