La demande de Philippe. (Lire Hébr., I.)
Philippe éprouvait un bon désir, et ces paroles : « Montre-nous le Père et cela nous suffit, » auxquelles il attachait à tort l'idée d'une manifestation extraordinaire du Seigneur dans sa gloire, n'en résument pas moins ce qu'il y a, après tout, de plus digne de notre ambition : voir le Seigneur et être mis en rapport direct avec lui. Mais Philippe était dans l'erreur en ce qu'il n'avait pas encore assez pleinement compris que le Fils était « la splendeur de la gloire du Père, l'image empreinte de sa personne (1) » Ceux auxquels Jésus se révèle par la foi peuvent dire qu'ils le voient, car leurs yeux étant ouverts sur sa personne, son oeuvre et son enseignement, aucune manifestation extérieure ne pourrait remplacer le témoignage intérieur que le Saint-Esprit lui rend en eux; et ceux qui voient Jésus voient le Dieu vivant et vrai qu'il a fait connaître, qu'il a glorifié et avec lequel il est un. C'est ce qui rend éminemment instructive pour nous la réponse du Seigneur à Philippe : «Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu! »
Il y a longtemps aussi que Jésus est avec nous et nous donne des témoignages de ce qu'il est; pouvons-nous dire que par sa grâce nous le connaissons véritablement dans son patient amour, dans sa fidélité, dans sa puissance? A supposer même que nous soyons ses fervents disciples, sommes-nous sûrs d'avoir épuisé tout ce que nous avions à découvrir en lui quand nous nous sommes donnés à lui?
Ah! ces paroles de tendre reproche, il les adresse à chacun de nous, qui devrions être tellement plus avancés dans sa grâce et dans sa connaissance; il les adresse aussi à tous ceux qui ne se sont pas encore approchés de lui pour trouver en lui le pardon de leurs péchés. « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, » pauvre âme qui as besoin de paix et à qui le monde ne peut faire de bien! tu ne sais pas encore que je suis le Sauveur doux et humble de coeur, qui ne met point dehors ceux qui viennent à lui et qui les remplit d'une joie ineffable et glorieuse? - «Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, » pauvre coeur brise sous le coup d'une douloureuse épreuve et qui te demandes avec angoisse pourquoi Dieu t'afflige. tant! tu ne sais pas encore que je suis le Sauveur fidèle qui ne frappe que lorsqu'il le faut et qui prend pitié des larmes qu'il fait couler? - « Il y a si longtemps que je suis avec vous. et tu ne m'as pas connu, » pauvre chrétien qui, au lieu de courir dans la voie de mes commandements, restes dans la langueur, parce qu'il y a en toi un interdit que tu ne veux pas abandonner! tu ne sais donc pas que j'appelle tous mes disciples à une sainteté parfaite, et que si tu as recours à moi, je t'affranchirai de ce défaut de caractère , de ce mauvais sentiment, de ce penchant que je n'approuve pas? - Écoutons-le nous répéter à nous-mêmes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas, connu!»
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, à nous la confusion de face, à toi la gloire et la vérité ! Nous reconnaissons que tu as fait déjà tout ce qu'il fallait faire, tout ce que tu pouvais faire, toi qui peux tout, pour nous convaincre que tu es dans le Père et que le Père est en toi, et que par conséquent tout ce que tu nous dis ou nous promets est la vérité même. Enseigne-nous donc à te recevoir pour ce que tu es, à te connaître comme tu veux être connu. Tu veux que nous croyions que la plénitude de la divinité a habité corporellement en toi et qu'en toi se trouvent la puissance, la sagesse, l'amour et la fidélité de Dieu : nous le croyons, Seigneur Jésus; fais-nous mettre en pratique dans toute notre vie cette précieuse assurance, augmente notre foi et notre joie en toi. Amen.
1. Hébr., I, 3.