JEAN, XIII, 33-35.

L'amour fraternel. 2.

(Lire I Jean, II, 1-11.)

 

Puisque l'amour fraternel entre chrétiens est une conséquence si naturelle de l'amour de Christ qu'on pourrait même dire qu'il en est la conséquence inévitable, pourquoi Jésus a-t-il jugé nécessaire de le prescrire à ses disciples, d'insister sur ce commandement et d'y revenir à plusieurs reprises dans son discours d'adieu ? Hélas! parce que les meilleurs chrétiens ont encore en eux un reste du vieil homme, avec son égoïsme, sa froideur, son manque de charité; un reste que le démon entretient et exploite et qui, par sa désastreuse influence, est cause que nous ne nous aimons pas comme nous devrions nous aimer. Que de chrétiens sincères qui consacrent leur vie à l'accomplissement des autres commandements de Jésus et négligent celui-là, paraissent même l'oublier !

Souvent, il faut le dire à notre honte, on nous entend nous juger les ans les autres, nous blâmer, presque comme le font entre eux les enfants du monde. Sont-ils nombreux, les chrétiens qu'un amour réel pour ceux qu'ils savent être leurs frères en Jésus-Christ fait passer légèrement et de bon coeur par-dessus les différences de caractères et de vues, et les petits froissements qui en résultent souvent? Ces froissements mêmes se produiraient-ils si l'amour réel vivait en nous, et si, en nous rendant indulgents et faciles, il nous faisait toujours éviter ce qui peut faire de la peine à notre frère, ou le scandaliser, ou l'affaiblir?» Il semble que la nécessité de l'amour fraternel soit parmi nous chose tellement reconnue, qu'on se contente de l'admettre en principe, sans penser qu'il s'agit de l'éprouver, d'abord, et puis de le témoigner. « Mes frères, » dit saint Jacques, « il ne faut pas qu'il en soit ainsi. »

Il faut que nous revenions souvent, avec une sérieuse attention, sur ce « commandement nouveau » pour lequel nous devrions avoir une prédilection toute spéciale, puisque notre Sauveur l'a donné en vue de nous et y a attache une importance spéciale. Il veut que nous nous aimions comme il nous a aimés, d'un amour généreux, actif, fidèle, qui remplisse le coeur et dirige la conduite. Il veut que cet amour soit notre trait distinctif, qu'on reconnaisse à ce trait que nous sommes ses disciples. Ah! ce sera bien là, en effet, la marque la plus sûre de notre christianisme; l'amour ne règne pas dans le monde; aucune autre religion que celle de Jésus ne l'a posé en principe; les faux chrétiens même, qui peuvent prendre à tant d'autres égards les apparences de la vraie piété, ne réussissent pas à les prendre en ceci, au moins d'une manière durable. Ils ne s'aiment pas entre eux, ils n'aiment pas les vrais chrétiens. « Quand nous aimons nos frères, nous connaissons à cela que nous sommes passés de la mort à la vie. »

L'amour fraternel tel que nous devons le mettre en pratique, c'est celui dont l'Église primitive nous a donne l'exemple, puisqu'on pouvait dire de ceux qui la composaient : « Voyez comme ils s'aiment!), Si nous n'en sommes pas pénétrés, demandons au Seigneur son pardon et le secours de son Esprit. L'Esprit de Jésus vivifie et touche le coeur.

 

PRIERE.

Pardonne-nous, Seigneur Jésus, de te déshonorer si souvent par notre manque d'amour, de charité, de support, d'indulgence, de dévouement à nos frères; et en nous faisant sentir combien des péchés de ce genre sont particulièrement graves de la part de chrétiens, rends notre coeur capable d'éprouver un sincère et puissant amour dont toute notre vie devienne la preuve. Qu'à ceci le monde reconnaisse que nous sommes, tous et chacun en particulier, tes vrais disciples, Seigneur Jésus, et qu'il soit vrai de dire de nous, dans notre vie de famille comme dans nos rapports avec nos frères quels qu'ils soient : Voyez comme ils s'aiment! Donne-nous par ton Saint-Esprit les sentiments qui étaient en toi; nous te le demandons au nom de l'amour dont tu nous as toi-même donné tant de preuves. Amen.


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