JEAN, III, 33-35.

L'amour fraternel. 1.

(Lire 1 Cor., XVI, 13-fîn.)

 

Quels que soient notre amour pour Jésus, notre empressement à tout quitter pour le suivre et notre désir d'être enfin réunis à lui, nous ne pouvons encore aller le rejoindre dans la gloire; il nous faut attendre le moment, à la fois sûr et incertain, où il reviendra et nous prendra avec lui, afin que là où il est nous y soyons aussi. Ce que nous avons à faire pendant ce temps d'attente, c'est de regarder à lui et d'accomplir sa volonté. Au. moment de quitter la terre, il a donné à ses disciples des instructions précieuses, testament divin dans lequel, depuis dix-huit siècles, tous les chrétiens sont venus chercher les directions, les avertissements, les promesses qui pouvaient les fortifier pour le service du Seigneur.

Nous voici arrivés à ces instructions; étudions-les avec un saint respect comme avec amour., et puissent ces derniers discours de Jésus, que nous avons déjà lus et admirés bien des fois sans doute, parler à notre âme avec une nouvelle force, réchauffer notre foi et notre zèle, et rendre plus personnelle et plus intime notre communion avec le Seigneur. « Comme je l'ai dit aux Juifs, je vous le dis aussi maintenant : Vous ne pouvez venir où je vais. Je vous donne un nouveau commandement : que vous vous aimiez les uns les autres. » Voilà la première de ces recommandations d'adieu. l'amour fraternel. Jésus avait souvent déjà exhorté ses disciples à l'amour du prochain; mais cet amour général, quelque sincère, quelque vivant, quelque puissant qu'il doive être, comme il est encore différent de l'amour fraternel chrétien.

L'amour fraternel ! L'amour réciproque des rachetés de Jésus! Que de choses dans ce mot, quelle puissance, quelle plénitude de vie et de force, et quelle vérité! Demandera-t-on ce qui l'inspire? Qu'on demande ce qui établit des rapports d'étroite affection entre deux exilés qui se rencontrent loin de la terre natale, sans s'être auparavant connus, sans peut-être qu'aucune ressemblance de caractère, de goûts, d'habitudes, ait pu les attirer l'un vers l'autre. C'est la pensée de la patrie lointaine, la douleur de l'exil, le désir du retour, l'amour du pays, en un mot, cet amour commun à tous deux, qui, partant du coeur de chacun pour se diriger vers le même objet, se répand, comme le fait toujours l'amour véritable, sur tout ce qui se trouve en sympathie avec lui.

Depuis que Jésus est parti, c'est l'amour et le souvenir de Jésus, le maître absent, l'ami fidèle, le frère aîné, qui unit entre eux ses disciples. Ils l'aiment tous de tout leur coeur, de toute leur âme, de toute leur force et de toute leur pensée; comment chacun d'eux n'aimerait-il pas de la même manière ceux qui l'aiment comme lui, ceux qu'il sait avoir la même part que lui à l'amour de Jésus? « Je rechercherai les gens de bien du pays afin qu'ils demeurent avec moi (1), » disait déjà David sous la Loi; que n'aurait-il pas dit sous l'Évangile, que ne peuvent maintenant dire ceux qui connaissent et croient l'Évangile! « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère(2). »

 

PRIÈRE.

Oh! que c'est une chose bonne, que c'est une chose agréable que des frères demeurent unis ensemble, Seigneur notre Dieu! et nous pouvons dire aussi : que c'est une chose naturelle, une chose qui découle de notre amour Pour celui que nous aimons parce qu'il nous a aimés le premier! Seigneur Jésus, l'amour de tes disciples entre eux est une réalité, une vivante réalité; oh! que chacun de nous en fasse par ta grâce l'expérience personnelle, et puisse dire du fond de son coeur : Je crois la communion des saints. Puisque une de nos plus vives joies dans le ciel sera de t'aimer et de te servir en commun, sans avoir à lutter contre ces mauvais sentiments d'égoïsme et d'orgueil qui nous font la guerre, ô notre Dieu Sauveur, prépare-nous dès cette vie pour ce saint bonheur, en nous faisant éprouver le besoin de nous serrer les uns contre les autres pour nous rapprocher tous ensemble de toi en Jésus. Amen.


Table des matières

1. Ps. CI, 6.

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2. 1 Jean, IV, 21.