La véritable humilité. (Lire Ps. XXV, 8-fin.)
Pierre aurait dû se contenter de l'assurance du Sauveur qu'il comprendrait dans la suite ce qui lui paraissait alors inexplicable; il aurait agi plus humblement. Plus humblement? N'était-ce donc pas son humilité qui le poussait à dire à Jésus : « Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds' » et un peu après : «Tu ne me laveras jamais les pieds? » Oui, dans une certaine mesure; mais cette humilité aurait été plus grande, plus réelle encore, si Pierre s'était contenté d'obéir, sans raisonnement. sans réplique, faisant taire sa propre sagesse et se répétant te que le Sauveur venait de lui dire: « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais; tu le sauras dans la suite. »
Pierre était sincère et il croyait être humble; mais il ne voyait pas qu'en refusant la grâce que Jésus voulait lui accorder, en trouvant que son Sauveur était trop grand pour faire cela et lui trop petit pour le recevoir, il se laissait guider par ses propres appréciations et mettait ses lumières personnelles à la place de celles de Jésus. Or, nous n'avons pas le droit, non pas même au nom de l'humilité, de nous opposer à ce que le Seigneur veut faire, soit pour nous, soit par notre moyen; les sentiments les plus humbles deviendraient mauvais s'ils nous empêchaient d'obéir; et voilà ce que faisait Pierre à son insu, voilà ce que font aussi bien des personnes à qui l'on annonce la bonne nouvelle du salut et qui répondent : Non, ce n'est pas pour moi, je suis un trop grand pécheur. Il semble que des objections de ce genre soient bien humbles; eh bien! c'est une erreur, une grave erreur; elles renferment au contraire un levain d'orgueil. On se cherche soi-même; on ne veut pas recevoir le salut tout entier de la pure grâce de Dieu; on veut attendre, pour croire que « le sang de son Fils Jésus-Christ nous purifie de tout péché, » qu'on ait commencé à se purifier au moins un peu soi-même, ne fût-ce que par son repentir.
Le moyen d'être plus humble encore, ce serait de s'oublier entièrement, et, n'écoutant que la Parole de Dieu, de se laisser d'abord sauver par le sang de Christ, et puis sanctifier par le Saint-Esprit. « Si je ne te lave, » répond Jésus, « tu n'auras point de part avec moi. » On ne peut méconnaître un peu de sévérité dans ces paroles. Pierre, qui ne savait rien, s'efforçait depuis un moment de s'opposer aux desseins de Jésus : le Sauveur est obligé de lui rappeler que si sa volonté résiste, cette résistance le privera de la grâce qui lui est offerte; de plus qu'il y a dans ce que Jésus fait en lavant les pieds de ses disciples, un sens spirituel que Pierre ne saisit pas. Pour avoir part avec Jésus, il faut être lavé par lui, lavé dans son sang, lavé dans l'eau sortie de son côté percé, symbole de purification pour ceux qui croient en lui. Pierre le comprit enfin; l'avons-nous compris aussi ?
PRIÈRE.
Nous ne voulons pas te résister un instant, Seigneur Jésus, pas même lorsque tes dispensations à notre égard nous semblent trop au-dessus de nous; nous ne voulons pas te tracer ton chemin, nous ne voulons pas mettre notre pauvre et aveugle sagesse à la place de ta sagesse à toi. Trop heureux sommes-nous que tu veuilles bien te charger de nous conduire, te charger de nous sauver, te charger de nous pour le temps et pour l'éternité! Lave-nous comme tu as lavé Pierre et tes autres disciples, comme tu as lavé tes élus de tous les temps, dans ton sang précieux, qui purifie et fait avoir part avec toi. Seigneur Jésus ! tu es notre bon, notre tendre, notre puissant Sauveur; accomplis en nous ton oeuvre de grâce, et rends-nous tels que tu veux nous voir, tels qu'il faut que nous soyons pour prouver que nous n'avons pas reçu ta grâce en vain. Reçois notre adoration, reçois nos actions de grâces, reçois nos prières. Amen.