« Tu ne sais pas maintenant ce que je fais. » (Lire Ps. LXII)
Il est facile de comprendre et de partager les sentiments qui se pressèrent dans le coeur des disciples quand ils virent leur Sauveur dans cette humble attitude; mais ils ne saisissaient pas encore le but de cette nouvelle et volontaire humiliation. Ils ne voyaient qu'une chose, et une chose assez inouïe pour les bouleverser jusqu'au fond de leur âme : leur Sauveur à genoux devant eux, leur lavant les pieds. Simon Pierre, toujours plus ardent que les autres, ne put supporter cette vue en silence, et quand Jésus posa devant lui son bassin d'eau, il s'écria : «Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds ! »
Elle était bien naturelle cette exclamation de Pierre; naturelle comme le sont tous nos étonnements lorsque les dispensations de Dieu renversent nos idées. Mais écoutons la réponse de Jésus; elle a donné la paix par le Saint-Esprit à des milliers de coeurs bouleversés, qui se demandaient avec surprise, souvent avec une surprise douloureuse, avec angoisse, avec larmes, pourquoi Dieu les faisait passer par un chemin dans lequel ils n'avaient « point de clarté. » « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, tu le sauras dans la suite. » Jésus nous le dit à nous aussi, et combien souvent nous avons besoin d'écouter sa douce voix répétant ces douces paroles !
Une difficulté nous étonne et nous décourage; une épreuve nous a frappés; une affliction nous menace; c'est un deuil, une séparation, une infirmité, peut-être moins que cela, car l'amour de Jésus ne s'exerce pas seulement en grand, si l'on peut ainsi dire, il s'applique aussi à nos misères de détail, à nos petites épreuves de tous les jours, ces épreuves connues peut-être de nous seuls : - et du fond de notre coeur s'élève cette demande : Pourquoi Seigneur? Pourquoi?... Dieu pourrait nous dire : Parce que dans ma sagesse et dans mon amour je vois qu'il le faut. Ce serait déjà beaucoup, mais nous avons plus encore. Voici de quoi calmer nos inquiétudes, apaiser nos pensées tumultueuses, voici de l'huile pour nos plaies, du baume pour nos meurtrissures : « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais; tu le sauras dans la suite. »
Oui, nous le saurons au moment où cela nous sera bon; un peu plus tôt, un peu plus tard, qu'importe? nous le saurons; nous verrons de nos yeux que nos tristesses,- nos déceptions, nos découragements avaient un bat., et nous verrons quel était ce but. Pierre ne tarda pas à savoir quelle leçon Jésus voulait lui donner en lui lavant les pieds; nous aussi saurons un jour, peut-être dès cette vie, que derrière la faveur que nous demandions et que Dieu nous a refusée, il y avait un abîme, un immense danger pour notre âme; et si ce n'est pas dès cette vie, ce sera lorsque nous connaîtrons comme nous avons été connus. Arrivés au sommet des coteaux d'éternité., nous nous retournerons pour jeter un coup d'oeil sur le chemin que Dieu nous aura fait parcourir, et nous verrons alors que ce chemin, qui nous a souvent paru si étroit, si tortueux, passait entre de si profonds abîmes, des tentations si multipliées, que pas un de ses circuits ne pouvait nous être épargné. « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais; tu le sauras dans la suite. »
PRIERE.
Que de bien nous a déjà et souvent fait cette miséricordieuse assurance que tu nous donnes, Seigneur Jésus ! Nous te bénissons pour la paix que ton disciple trouve à se la rappeler et à l'appliquer à tant de circonstances de sa vie où il lui faut marcher dans les ténèbres sans avoir de clarté. Seigneur Jésus, oui, nous nous reposons sur toi du soin de nous faire comprendre plus tard ce que nous ne savons pas maintenant; oui, nous désirons apprendre à marcher par la foi, sachant que tu ne veux pas que nous ayons besoin de marcher par la vue ; oui, nous savons que tu ne contristes pas volontiers les enfants des hommes, et que si tu nous conduis parfois par des chemins obscurs, c'est parce qu'il le faut pour que nous arrivions à la vie. Seigneur Jésus, augmente-nous la foi et réchauffe et vivifie notre amour. Amen.