Jésus lavant les pieds des disciples. (Lire Rom., VIII, 30-fin.)
« Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. » Quel amour que celui de Jésus! Comment n'y pas revenir encore et toujours; comment ne pas répéter, du fond de notre coeur, chaque fois qu'un trait de l'Évangile nous y ramène et nous le fait sentir avec plus de force: Quel amour que celui de Jésus 1 Quel amour profond, quel amour fidèle! Pendant toute sa vie terrestre, le Sauveur en avait multiplié les preuves à ses disciples; et encore à ce moment suprême, cet amour l'empêchait de penser à lui-même pour le porter à s'occuper d'eux « jusqu'à la fin. » « Jusqu'à la fin : » ce mot, dans la pensée de saint Jean, s'applique au séjour de Jésus sur la terre; mais nous pouvons lui donner un sens plus étendu, car jamais nous n'irons trop loin en parlant de l'amour de Jésus. Il a aimé jusqu'à la fin les siens « qui étaient dans le monde, » il aimera jusqu'à la fin ceux qui y sont encore et ceux qui y viendront après eux. « Jusqu'à la fin » de leur vie terrestre, de leurs travaux., de leurs combats, de leurs larmes, son amour sera ce qu'il était alors; «comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. »
Qu'est-ce qui donna lieu à la touchante scène que nous venons de lire? Saint Luc nous l'apprend; ce fat, hélas! une triste circonstance. Après tant de leçons d'humilité et de renoncement à eux-mêmes, les disciples avaient besoin d'en recevoir une nouvelle; au moment même où ils auraient dû ne penser qu'à leur Maître et à ses dernières instructions, « il arriva une contestation entre eux pour savoir lequel d'entre eux devait être regardé comme le plus grand. » Inconcevable folie du coeur humain ! Comment Jésus a-t-il pu supporter, aimer jusqu'à la fin ces pauvres disciples? Nous avons lieu de nous en étonner; mais demandons-nous aussi comment il peut nous supporter nous-mêmes ! Ah! il a bien besoin, pour nous comme pour les disciples, de cet amour que rien ne lasse, de cet amour persévérant dont il aime les siens «jusqu'à la fin. »
Ils se demandent lequel d'entre eux doit être regardé comme le plus grand: Jésus va. non plus leur dire - il le leur a dit si souvent! - mais leur montrer ce que c'est que la vraie grandeur. Il sait, nous dit saint Jean, « que le Père lui a remis toutes choses entre les mains, et qu'il est venu de Dieu, et qu'il s'en va à Dieu. » Comment déploiera-t-il sa gloire pour confondre l'orgueil et les mesquines ambitions de ses disciples? Il quitte la table, il. ôte sa robe, sa robe d'homme libre, et ne garde que la tunique qui forme le vêtement des esclaves; puis il prend un :linge, met de l'eau dans un bassin, et s'agenouille; il s'agenouille devant ses disciples, ces pauvres de la terre, et commence à remplir l'office réservé aux plus humbles, aux plus méprisés des esclaves - il leur lave les pieds, lui, le Fils de David, le Fils de Dieu, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs ! Quel spectacle et quelle leçon ! Voilà la vraie grandeur, la grandeur du sacrifice, la grandeur du renoncement, la grandeur de l'humilité. « Si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous! »
PRIÈRE.
Comment pourrons-nous jamais, et même dans ton ciel de gloire, te bénir assez pour ton immense amour, Seigneur Jésus? Et comment, pendant que nous sommes sur cette terre de péché et de misère, pourrons-nous t'exprimer, pourrons-nous seulement comprendre, tout ce qu'il y a pour tes rachetés dans l'assurance que ton amour pour eux sera jusqu'à la fin ce qu'il est et ce qu'il a toujours été? Seigneur Jésus ! nos coeurs se remplissent d'une émotion profonde et d'une brûlante reconnaissance chaque fois que nous nous arrêtons à la contemplation de ta grâce inouïe, de ton don ineffable, et nous voudrions pouvoir te montrer par quelque moyen que, nous te rendons amour pour amour. Puisque nous ne pouvons le faire qu'en gardant tes commandements, aide-nous à les garder en effet, et rends-nous humbles les Lins à l'égard des autres comme tu veux que nous le soyons. Amen.