La Cène. (Lire 1 Cor., III, 23-29.)
Voici la touchante institution de cette Cène du Seigneur que son Église célèbre sur son ordre comme un souvenir de lui et un gage de son retour. En donnant à ses disciples le pain comme image de son corps rompu pour eux, et le vin comme symbole de son sang versé pour la rémission de leurs péchés, il voulait rendre plus saisissant, plus palpable en quelque sorte, ce qu'il leur avait si souvent dit de ses souffrances et de sa mort, et qu'ils avaient tant de peine à comprendre. Ce que fut donc pour eux la première Cène n'était pas tout à fait ce que ce repas du Seigneur devint pour eux plus tard et ce qu'il est pour nous; il est pour nous un souvenir', il était pour eux une prophétie. Jésus donne à tous ce dont ils ont besoin; nous avons maintenant besoin de nous rappeler sa venue et sa mort, tentés que nous sommes sans cesse d'oublier la réalité des choses qui font l'objet de notre foi, de même que les disciples eurent besoin, après son départ, de trouver dans la Cène un souvenir vivant des événements merveilleux dont ils avaient été témoins; de même qu'au moment où Jésus institua la Cène, ils avaient besoin que leurs yeux fussent ouverts pour que les choses terribles qu'ils allaient contempler ne les troublassent pas trop profondément.
Tout ceci s'applique aussi à ce que nous devons voir dans la sainte Cène et à ce que Jésus nous dit par elle. Il nous dit qu'il a été immolé pour nous, et qu'il veut que nous nous en souvenions pour l'accroissement de notre foi, pour notre consolation dans nos angoisses, pour l'affermissement de nos espérances célestes. Ici-bas, méprisés comme lui, nous prenons la Cène avec lui dans son abaissement et dans la communion de ses souffrances; mais le jour viendra où nous boirons avec lui le nouveau fruit de la vigne dans le royaume de son Père, alors que nous serons assis à table avec Abraham, Isaac et Jacob, avec tous les bienheureux appelés au banquet des noces de l'Agneau, chantant le cantique d'actions de grâces.
Manger de ce pain et boire de cette coupe, c'est donc « annoncer la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne; » c'est proclamer que nous cherchons dans cette mort expiatoire tout notre espoir de salut, que nous désirons être unis à Christ de la manière la plus intime et vivre par lui et de lui afin de vivre pour lui, que nous comptons fermement sur sa promesse: « Je reviendrai. et vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. » Voilà ce qui fait de chaque Cène à laquelle nous prenons part comme une alliance nouvelle que nous traitons avec notre Dieu par le sang de la croix; et de là découle pour chacun de nous la nécessité de «s'éprouver soi-même avant de manger de ce pain et de boire de cette coupe, » se demandant si sa foi est bien telle qu'il le proclame en prenant part à la Cène, et s'adressant à lui-même, sous le regard de Dieu, la touchante question des disciples lorsque Jésus leur dit qu'un d'entre eux devait le trahir « Est-ce moi?»
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, aucun de nous n'aborderait de sang-froid l'affreuse pensée de te trahir; mais rappelle-nous sans cesse par ton Saint-Esprit que tu nous dis dans ta Parole de nous examiner nous-mêmes pour savoir si nous sommes dans la foi. Fais-nous comprendre le besoin que nous avons de nous tenir toujours bien près de toi pour que rien ne nous sépare de toi un seul instant. Que nous sentions notre main dans la tienne pendant tout le cours de notre passage ici-bas. Nous te bénissons pour l'amour qui t'a fait établir la célébration de la sainte Cène dans ton Église comme un souvenir de ta venue sur la terre et un gage de ton retour. Que ce repas sacré soit pour nous comme pour tout ton peuple ce que tu le destines à être. Mais que ce ne soit pas seulement à la table sainte que nous annoncions ta mort jusqu'à ce que tu viennes, Seigneur Jésus; que ce soit dans toute notre vie, et qu'il soit évident que chacun de nous vit dans la pensée de ton sacrifice et dans l'attente de ton glorieux avènement. Amen.