MATTHIEU, XXVI, 1-13,

Le souper de Béthanie.

 

Nous ne connaissons pas autrement que par la mention ici faite de lui, ce Simon chez lequel Jésus prit le repas dont nous parle notre texte. Il avait été lépreux; sans doute c'était Jésus qui l'avait guéri, car la guérison de la lèpre demandait un miracle; mais le nom de lépreux lui était resté comme un souvenir de son ancienne condition. Il y a un enseignement dans ce simple trait; il nous montre que nous devons conserver soigneusement la mémoire de ce que le Seigneur a fait pour nous, si nous avons le bonheur d'être au nombre des rachetés de Jésus. «Regardez au creux de la carrière dont vous avez ôté tirés. » Nous ne sommes, nous ne serons jamais que de pauvres pécheurs reçus en grâce, d'anciens rebelles; que cette pensée nous humilie salutairement et nous rende toujours plus précieuse la grâce de notre Dieu. Ce n'est pas seulement sur la terre, c'est dans la gloire du ciel, que les élus chantent à la louange de Jésus qu'il les a « laves dans son sang. » « Marthe servait. »

Relevons encore en passant ce détail, qui est un éloge pour Marthe et une leçon pour nous. Il n'y avait pas bien longtemps que Marthe avait entendu Jésus lui reprocher de s'inquiéter et de s'agiter pour beaucoup de choses, oubliant qu'une seule chose était nécessaire. Qu'aurions-nous fait à sa place? Peut-être ce que font beaucoup de personnes qui ne savent pas éviter un extrême sans se jeter, souvent par dépit, dans l'extrême opposé. Ce n'est pas ce qu'avait fait Marthe; elle continuait à « servir, » consacrant ainsi à Jésus l'aptitude spéciale qu'elle avait reçue; seulement elle avait soin de se tenir à portée de la voix du Sauveur, afin d'entendre ses enseignements. Voilà l'humble docilité des enfants de Dieu.

Ce que fit Marie, la soeur de Lazare, en répandant sur la tête de Jésus un parfum de grand prix, était de sa part un acte d'adoration et d'amour. Les Orientaux en agissent encore ainsi avec les personnes qu'ils veulent honorer particulièrement. Mais Jésus nous montre plus encore dans l'action de Marie, et nous y révèle un acte de foi; elle savait les prédictions du Sauveur à l'égard de ses souffrances, et elle éprouvait le besoin de témoigner par ce muet hommage ce qui remplissait son coeur à l'approche du supplice de Jésus. Mais. que de fois il arrive que les meilleures intentions sont méconnues par les hommes! Les disciples furent indignés contre cette femme que Jésus, au contraire, approuvait avec tant d'amour. Ah ! gardons-nous de lancer des jugements téméraires contre nos frères, parce qu'ils témoignent autrement que nous leur amour au Sauveur.

Gardons-nous de dire qu'ils poussent le zèle trop loin, parce qu'ils dépensent leur fortune, leur temps, leurs forces, comme nous ne le faisons pas, et comme nous devrions peut-être le faire à leur exemple. La charité envers les pauvres ne nous dispense pas des actes qui peuvent témoigner directement au Sauveur notre amour et notre adoration.

 

PRIÈRE.

Nous te prions, Seigneur, de nous tenir comme Simon dans le sentiment humble et reconnaissant de tout ce que tu as fait pour nous en nous révélant notre péché et ton amour en Jésus. Nous te prions de nous rendre dociles et dévoués comme Marthe, et de nous apprendre à mettre à ton service les aptitudes, les forces, les lumières que tu nous donnes. Nous te prions de nous faire éprouver pour notre bon Sauveur le tendre et brûlant amour de Marie; puisque tu nous le proposes comme exemple, que chacun de nous s'efforce d'y conformer sa conduite, saintement jaloux de s'offrir lui-même à toi en sacrifice vivant et qui te soit agréable. Que notre gratitude pour l'amour que tu as eu pour nous, et dont tu nous as donné de telles preuves, fasse que rien ne nous coûte pour te suivre et montrer à tous que, nous t'adorons et te servons. Nous ne voulons pas te présenter des holocaustes qui ne nous coûtent rien : accomplis toi-même en nous et Par nous tout le bon plaisir de ta volonté et l'oeuvre de la foi. Nous t'en prions pour l'amour de notre Sauveur. Amen.


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