La pite de la veuve. (Lire Ps. CXII.)
Si nous ne savions pas combien Jésus a approuvé l'action de cette femme, et que nous fussions témoins d'un trait semblable; si nous voyions un jour une pauvre veuve sans autre ressource que son travail, venir donner pour d'autres indigents, ou pour quelque oeuvre d'évangélisation, la modique somme qui constitue tout ce qu'elle possède, «toute « sa subsistance; » - qu'en penserions-nous? Ce qu'en pensèrent peut-être d'autres témoins de l'offrande de la veuve de L'Evangile. Les uns hausseraient les épaules et diraient : De quelle utilité veut-elle que soit une pite? D'autres, plus charitables, trouveraient peut-être son désintéressement touchant, mais sa conduite peu judicieuse : Dieu ne lui demande pas un tel sacrifice. D'autres enfin se montreraient plus sévères et diraient: Elle a tort; elle donne, et elle n'a pas ce qu'il lui faut pour elle-même ; elle manque de prévoyance ou bien elle tente Dieu; comment vivra-t-elle ensuite?
Quels que soient les jugements des hommes, favorables ou défavorables, quand Jésus dit : C'est bien, - peu importe le reste. Heureuse cette pauvre veuve d'avoir ainsi obtenu l'approbation du Sauveur ! Qu'est-ce qui lui valut cette approbation? C'était son amour pour Dieu, qui lui mettait au coeur le désir de faire quelque chose pour la gloire de Dieu. c'était sa foi, qui l'empêchait de se préoccuper de sa pauvreté en lui donnant l'assurance que Dieu pourvoirait lui-même à ses besoins; c'était aussi l'humilité avec laquelle elle faisait ce qui était en son pouvoir, sans se dissimuler, bien certainement, que sa pite n'était rien en elle-même, mais comptant que le Seigneur la recevrait et la bénirait. Soyons sûrs que Jésus fut satisfait des dispositions qu'il vit dans le coeur de la veuve, sans cela il n'aurait pas tenu son offrande pour agréable. Recevons de cette touchante histoire une encourageante et utile leçon.
Apprenons à faire selon notre pouvoir tout ce que nous avons moyen de faire, sans nous inquiéter de nous-mêmes, sans nous laisser arrêter par la modicité de nos ressources. Dieu regarde au coeur, et s'il est content de ce qu'il y trouve, il bénit, et bénit largement, ce que la main donne. Ceci est vrai à la lettre. Qui peut dire ce que les deux petites pièces de la veuve de Jérusalem ont rapporté en aumônes, en offrandes pour l'avancement du règne de Dieu, en oeuvres de charité, depuis dix-huit siècles qu'elles excitent à la libéralité et à la confiance en Dieu tous ceux qui lisent l'Évangile? « Pourvu que la promptitude de la bonne volonté y soit, on est agréable selon ce qu'on a, et non selon ce qu'on n'a pas. » Mais écoutons ce que dit encore la Sagesse éternelle : «Fais selon ton pouvoir tout ce que tu as moyen de faire (1).»
PRIÈRE.
Mets en nous, Seigneur notre Dieu, les sentiments qui étaient en David lorsqu'il disait : Je ne veux *pas offrir à l'Eternel des sacrifices qui ne me coûtent rien. Que nous éprouvions le besoin de faire en vue de toi, pour le bien de nos frères et pour l'avancement de ton règne sur la terre, tout ce dont nous trouvons l'occasion et le moyen. Arrache-nous à notre égoïsme; détache-nous de ces biens terrestres auxquels on met si vite son coeur, même lorsqu'on en possède peu; et fais que chacun de nous se regarde comme appelé à être un fidèle, dispensateur des diverses grâces de Dieu. Daigne ouvrir en faveur des intérêts de ton Évangile les coeurs de ceux qui connaissent et aiment cet Évangile! Seigneur, toi qui fournis la semence au semeur, veuille donc aussi nous donner du pain pour manger et multiplier les fruits de notre justice, afin que nous soyons enrichis en toutes manières pour faire toutes sortes de libéralités. Exauce-nous et rends-nous fidèles, nous t'en supplions au nom de Jésus. Amen.
1. Ecclés., IX, 10.