MATTHIEU, XXII, 41-fin et XXIII.

Condamnation des Pharisiens.

 

Nous étonnerons-nous que le Sauveur, au moment où il venait de réduire les Pharisiens au silence,, soit encore revenu avec tant de sévérité sur les avertissements et les reproches qu'il leur avait si souvent adressés? S'il l'a fait, soyons-en bien persuadés, c'est parce qu'il savait que d'autres que les Pharisiens d'alors auraient besoin de ces salutaires leçons, et qu'au moment de quitter la terre il lui fallait prémunir ses disciples contre le levain des Pharisiens. Hélas! Jésus voyait alors dans sa toute-science ce qui se passerait dans son Eglise de tous les temps et de tous les lieux; il savait qu'il s'y glisserait toujours des hypocrites, qui se serviraient de la piété au profit de leur orgueil, de leur ambition ou de leur avarice, et qui s'élèveraient au-dessus des autres, cherchant à mettre leur sagesse propre, leur volonté propre, leur gloire propre, à la place de celles de Dieu.

Nous n'avons pas à examiner ici quels sont de nos jours ces imitateurs des Pharisiens, qu'à l'occasion nous reconnaîtrons sûrement sans peine; mais pour que ce discours du Sauveur nous soit personnellement utile, relevons-en les traits qui peuvent le plus directement s'appliquer à nous et nous instruire. Et tout d'abord, gardons-nous, oh! gardons-nous soigneusement, de faire étalage de notre piété dans le dessein d'attirer l'attention sur nous. Gardons-nous encore de paraître plus pieux, plus zélés pour le Seigneur, plus charitables, plus saints que nous ne le sommes; ce serait commettre le grave péché d'hypocrisie, ce serait donner tête baissée dans un des pièges les plus grossiers de Satan pour nous empêcher de chercher « la force de la piété. » Gardons-nous, en nous efforçant d'amener au Sauveur ceux qui ne le connaissent pas, de faire comme les Pharisiens, qui ne travaillaient à faire des prosélytes que pour augmenter leurnombre et leur pouvoir, sans s'inquiéter de la gloire de Dieu; les vues particulières de chacun, les diverses dénominations qui se partagent l'Église chrétienne, doivent disparaître en présence du danger des âmes qu'il faut amener non pas à telle ou telle église, mais à la croix de Christ.

Que le désir de paraître ne nous fasse jamais attacher trop d'importance à certains devoirs , au détriment d'autres plus essentiels. Il est plus facile de tomber dans ce péché qu'on ne le croit souvent; celui qui, pour accomplir certaines oeuvres de charité ou de piété, bonnes en elles-mêmes., mais non prescrites par le Seigneur, négligerait les devoirs qu'il a à remplir autour de lui, auprès de ses parents, de sa famille, de ses amis, celui-là encourrait le blâme de Jésus. Coulons le moucheron, quelque petit qu'il soit, si le moucheron est un péché; mais que cela ne nous empêche pas de voir le chameau. Recherchons plutôt l'approbation de Dieu que celle des hommes. Prenons garde à ce que nous sommes dans notre for intérieur, dans notre coeur que Dieu voit et sonde. Agir autrement, ce serait nettoyer seulement le dehors de la coupe et du plat.

 

PRIÈRE.

Préserve-nous du formalisme dans les choses de la piété, Seigneur notre Dieu! Tu sais que ce piège est souvent tendu sous nos pas. Rends-nous vigilants à ranimer le don de Dieu qui est en nous; empêche-nous de nous trop attacher à des pratiques extérieures sans valeur si elles ne sont animées de la vie du Saint-Esprit. Fais-nous retirer de tes sévères avertissements aux Pharisiens tout le fruit qu'ils peuvent avoir pour nous. Fais-nous sentir que la vraie piété est une vie, et daigne nous accorder cette vie avec abondance. C'est pour la donner à tes brebis que tu es venu, Seigneur Jésus, bon Berger et Sauveur compatissant! Que nos yeux soient continuellement sur toi, et que nous accomplissions fidèlement, dans la paix et dans la joie, pour t'obéir, tous ces humbles devoirs qui semblent aux gens du monde trop petits pour attirer ton attention. Sois béni, Seigneur, de ce que chacun de tes enfants sent que tu es près de lui et que tu' l'aimes en Jésus. Amen.


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