MATTHIEU, XXII, 34-40.

Le plus grand commandement.

(Lire Deut., XI, 1-28.)

 

La question de ce Scribe au Sauveur : «Maître, quel est le plus grand commandement de la loi? » était fort débattue à ce moment-là parmi les Juifs. Ils ne l'examinaient malheureusement qu'à un point de vue faux. C'est une tendance naturelle à l'esprit superficiel et terrestre de l'homme , de n'envisager les choses que par leur côté palpable; et la loi que Dieu lui-même avait donnée, aux Juifs renfermait tant d'ordonnances relatives à des pratiques tout extérieures, qu'on peut, sans l'excuser, comprendre jusqu'à un certain point l'importance exagérée qu'ils attachaient à ces pratiques. Nous-mêmes, si nous ne connaissions la réponse que, pour l'instruction de ses disciples, le Sauveur fit alors à ce Scribe, aurions-nous compris la sainte loi de Dieu d'une manière aussi spirituelle, aussi large, aussi élevée?

Qu'on demande à un homme honnête selon le monde, mais étranger à l'Évangile, quel peut être le plus grand des devoirs que Dieu impose à ses créatures, que répondra-t-il?

Il citera quelque point de morale, bien certainement, quelque commandement comme celui de donner aux pauvres, si même il ne s'en tient pas à la défense de tuer ou de voler. Toujours le côté extérieur de la loi; rien de ce qui, dans cette loi sainte s'adresse au coeur, d'où procèdent les sources de la vie. Mais ce qui faisait le tort des Pharisiens, c'est qu'ils auraient pu et dû être mieux instruits. C'était dans la loi même de Moïse, au milieu de ces ordonnances dont ils préféraient la lettre à l'esprit, que se trouvaient ces deux commandements royaux, suprêmes, de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain.

Nous savons maintenant, grâces à Dieu, quel est le plus grand commandement de la loi; reste à examiner, devant Dieu et dans le secret de sa communion, si nous nous bornons à le savoir, ou si nous possédons le bonheur auquel Jésus a fait allusion quand il a dit: « Vous savez ces choses; vous êtes bienheureux, pourvu que votis les pratiquiez. » « Mes petits enfants, n'aimons pas seulement de paroles et de langue, mais en effet et en vérité. »

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. Tu aimeras ton prochain, comme toi-même. » Ces deux commandements, égaux en importance, sont les plus grands de la loi, parce qu'ils résument tous les autres. Si nous aimons Dieu comme nous devons l'aimer, surtout depuis qu' « il nous a aimés le premier» au point de nous donner son Fils, nous accomplirons sans peine les devoirs envers lui que nous prescrit la première table du Décalogue; si nous aimons notre prochain comme nous-mêmes, il n'est pas à craindre que nous n'observions pas les commandements de la seconde. Voilà pourquoi saint Paul nous dit que « celui qui aime les autres a accompli la loi, » et que la charité, doux mot qui appartient aux chrétiens et qui signifie à la fois l'amour du Dieu Sauveur et en lui l'amour de tous les hommes, est la plus grande des vertus de l'Évangile.

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, nous reconnaissons avec confusion. de face que l'amour pour toi et pour nos frères, le plus grand commandement de ta sainte loi, n'est pas naturel à nos coeurs, si indifférents par eux-mêmes, si peu portés vers les choses spirituelles, si égoïstes,. si froids! Mais si le monde, qui ne connaît Pas la puissance de ta grâce et de ton Esprit, soutient que l'amour ne se commande pas, nous, tes disciples, savons que tu ne nous imposes rien que ta force ne nous rende capables de faire. Nous venons donc à toi, notre seule espérance, mais aussi notre secours toujours prêt à trouver! Enseigne-nous par ta grâce à t'aimer, à L'aimer tendrement, profondément, vivement, toi qui nous as tant aimés le premier; et enseigne-nous à nous aimer les uns les autres, faisant par amour tout ce que tu nous commandes dans nos rapports mutuels. Nous te le demandons au nom et pour l'amour du Seigneur Jésus. Amen.


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