MATTHIEU, XXII, 15-22.

«Rendez à César ce qui est à César. »

(Lire 1 Pierre, II, 13-fin.)

 

C'est un beau témoignage que celui que ces adversaires de Jésus vinrent lui rendre : « Nous savons que tu enseignes la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit, car tu n'as point égard à l'apparence des personnes. » Béni soit Dieu de ce que, par sa grâce, nous savons que Jésus est en effet le Témoin fidèle et véritable, et que nous apprenons de lui tout ce qu'il nous faut savoir pour marcher dans la voie de Dieu, qui est la voie du devoir et du bonheur! Hélas! soit que ces Pharisiens et ces Hérodiens le sussent en effet, soit qu'ils l'ignorassent, c'était dans un dessein de fausseté et de trahison qu'ils rendaient ce témoignage au Sauveur; ils voulaient surprendre Jésus dans ses paroles. De tout temps cette tactique a fait partie des plans du démon, qui cherche à nous faire broncher en paroles, selon l'expression de saint Jacques. Puissions-nous être sur nos gardes, pour éviter de tomber dans les pièges qu'il nous tend en nous excitant à parler contre notre conviction, ou d'une manière pou conforme à la charité ou à la sainteté. Puissions-nous aussi ne jamais faire ce que projetaient dans cette occasion les ennemis de Jésus : nous le ferions en cherchant, avec un malin plaisir, à interpréter ce que dit le prochain de manière à le trouver en faute, ou à lui faire tort auprès des autres.

Les Pharisiens passaient pour les représentants de l'ancienne indépendance des Juifs; les Hérodiens, au contraire, avaient accepté la domination des empereurs romains, par conséquent celle d'Hérode, qu'ils avaient établi sur la Judée, et cherchaient à gagner l'esprit public à leur cause. L'inimitié était donc grande entre ces deux sectes; elles ne se réunirent que pour s'opposer à Jésus. La même chose s'est vue souvent, à la honte de l'humanité, dans le cours des siècles, lorsque des persécutions ont été infligées à l'Église du Sauveur. «Est-il permis de payer le tribut à César?»Si Jésus avait dit oui, les Pharisiens l'auraient accusé de n'être qu'un envoyé des Romains; s'il avait dit non, les Hérodiens l'auraient fait saisir comme poussant à la révolte. Sa réponse fut admirable, et ses adversaires eux-mêmes se virent contraints de le reconnaître.

Mais nous ne devons pas nous borner à l'admirer; il nous faut examiner ce qu'elle nous enseigne. Elle nous enseigne à la fois que les chrétiens ne doivent pas attacher aux questions politiques et civiles une importance trop grande, et qu'ils doivent soigneusement en séparer les questions religieuses. Ils sont tenus de se soumettre à l'ordre établi, au gouvernement que Dieu veut ou tolère dans leur pays, mais cela dans la mesure où les droits de Dieu sur eux et sur leurs consciences n'ont pas à en souffrir, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. » En dehors de cela, Jésus n'examine pas, et ne veut pas que ses disciples examinent, si le pouvoir de César est juste ou non. Rendez à chacun ce qui lui est dû; à qui le tribut, le tribut; à qui les impôts, les impôts. (1) »

 

PRIERE.

Nous te prions, Seigneur Jésus, de nous faire marcher sur la terre de manière à rendre honorable aux yeux de tous les hommes la doctrine de Dieu notre Sauveur. Qu'il soit évident pour le monde, qui épie la conduite de tes disciples, que si ton saint nom était partout adore et si tous les coeurs étaient soumis à tes lois, les hommes seraient meilleurs et plus heureux. Seigneur, fais-nous comprendre que tu veux que nous fassions tout de bon coeur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, que nous montrions au monde que tu nous commandes d'accomplir toute justice, et que la piété est utile à toutes choses, ayant les promesses de la vie présente comme de celle qui est à venir. Exauce-nous, et glorifie-toi par nous, Seigneur Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Rom., XIII, 7.