Le figuier maudit. (Lire Mal., II, 1-12.)
Jusqu'ici les miracles de Christ avaient toujours témoigné de sa grâce et avaient apporté quelque bénédiction à ceux qui en étaient les objets. Il n'en est pas ainsi dans la circonstance qui nous occupe; nous y voyons le Sauveur maudissant dans sa sévérité le figuier sur lequel il avait inutilement cherché du fruit. Pourquoi ce contraste? Pour nous montrer que si Jésus est humble et débonnaire, il n'en a pas moins «tout pouvoir de juger», et que, pour parler avec saint Paul;, notre Dieu, le Dieu de l'Évangile, le Dieu Sauveur qui attend pour faire grâce, « est aussi un feu consumant. »
Cet arbre couvert de feuilles, qu'à première vue rien ne distinguait, de ceux qui portaient des fruits en abondance, est une image frappante de ces chrétiens de nom qui ont l'apparence de la piété, mais en ont renié la force. Jésus attend de ceux qui font profession de christianisme que leurs oeuvres répondent à leur profession et la confirment; hélas! que de fois son attente est déçue ! que de fois il ne trouve rien sous le séduisant mais inutile feuillage d'une piété toute superficielle! Mais le Seigneur permettra-t-il toujours que des apparences trompeuses passent pour de sérieuses réalités?
Non; et son jugement sur les soi-disant chrétiens qui ne sont que des hypocrites, sans peut-être se l'avouer à eux-mêmes, est un jugement terrible, mais bien mérité; ils sont punis par où ils ont péché, punis de leur stérilité par une malédiction de stérilité. (Qu'il ne naisse à jamais aucun fruit de toi) » dit Jésus au figuier stérile. Ceci nous explique ce qui se voit, hélas! si souvent, que ceux qui ne font pas de progrès dans la grâce de Christ arrivent à n'en pouvoir plus faire, et qu'un christianisme tout extérieur finit par languir et perdre jusqu'à ses dehors brillants. Le figuier frappé de stérilité se vit même dépouillé de ses feuilles et devint tout sec. « À celui qui n'a rien on ôtera même ce qu'il a (1) » Ah! soyons sérieusement attentifs aux menaces de Jésus; elles se sont toujours réalisées, et nous en avons ici même un nouvel exemple. Dans la pensée du Sauveur, ce figuier stérile représentait aussi les Juifs hypocrites contre lesquels il avait tant lutté; or, depuis le moment où il a dit à Jérusalem : « Les choses qui appartiennent à ta paix sont cachées de devant tes yeux, » elles ont été cachées en effet. « Tes jugements sont véritables et justes, ô Seigneur Dieu Tout-Puissant ! »
Jésus prit occasion de ce miracle, et de la surprise qu'il causa à ses disciples, pour leur donner une nouvelle leçon de foi, de confiance dans la prière. Recevons cet enseignement nous aussi; nous ne sommes pas appelés à faire des miracles, mais nous pouvons avoir la ferme assurance que tout ce que nous entreprenons par la foi et en priant, nous serons rendus capables de l'accomplir. S'agit-il de soulever une montagne de difficultés, de remporter la plus difficile victoire sur nous-mêmes et sur le monde : « Crois seulement et tu verras la gloire de Dieu.»
PRIÈRE.
Oui, Seigneur, nous sommes assurés que si nous avions plus de foi, nous serions capables de beaucoup de choses qui nous paraissent impossibles; mais, hélas ! tu sais que c'est là que se trouve notre faiblesse et notre incrédulité : le moment venu de marcher par la foi, combien souvent le coeur nous manque parce que la foi nous manque! Ali! combien nous avons besoin, Seigneur, d'en revenir toujours à la prière des premiers disciples : Augmente-nous la foi! Donne-nous une foi ferme et inébranlable, une foi vivante, qui se mêle à notre vie et en fasse la vie de la foi. Seigneur, fais-nous recevoir dans des coeurs sérieux et dociles les enseignements que nous donne l'histoire du figuier maudit, et qu'elle nous fasse éprouver le besoin de te demander avec plus d'ardeur la vie en toi, la vie du Saint-Esprit. Amen.
1. Matth., XIII, 12.