La voix du ciel.
«Maintenant mon âme est troublée.. » Il y a lutte chez le Sauveur dans ce solennel et mystérieux moment; lutte entre l'oeuvre qu'il a entreprise et qui exige ses souffrances et sa mort, et la nature humaine qu'il a revêtue pour accomplir cette oeuvre et qui frémit devant ces souffrances et cette mort. Dans ce combat terrible, où les efforts du prince des ténèbres se joignent à la faiblesse de la chair pour s'opposer aux desseins d'amour de Jésus, qui l'emportera? Jésus lui-même, tant son humiliation est profonde, tant son angoisse est grande, tant il est troublé jusqu'au fond de son âme, laisse échapper un douloureux : « Que dirai-je?» qui suffit à nous révéler ce qui se passe en lui.
N'y a-t-il pas, dans la pensée que nos péchés causent seuls son angoisse, de quoi nous faire tomber à ses pieds avec des larmes de honte, de repentance et d'amour? - Mais si ce trouble nous montre sous un aspect saisissant la nature humaine de Jésus, les paroles qui suivent : «Mon Père, délivre-moi de cette heure... « mais c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure, » ne nous disent pas moins éloquemment la parfaite conformité de sa volonté avec celle du Père. Il est très possible d'être soumis et de demander pourtant que la souffrance nous soit épargnée; mais il faut que nos luttes aboutissent, comme celle de Jésus, à cette prière paisible, confiante, qui témoigne que la volonté propre non-seulement est réduite au silence, mais encore s'est anéantie dans celle du Seigneur : « Mon Père, glorifie ton nom. »
Ce qui glorifie Dieu, c'est l'accomplissement de sa volonté; aussi cette prière revient-elle à celle-ci : « Que ta volonté soit faite. » Mais elle a une portée plus élevée encore; nous y voyons que Jésus consacrait lui-même et librement ses souffrances au Seigneur et à sa gloire; à la gloire de sa justice et de sa sainteté, que l'immolation de l'Agneau de Dieu pouvait seule' satisfaire; à la gloire de sa bonté et de son amour, qui ont porté le Père à donner son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Qu'il en soit ainsi pour nous lorsque nous sommes appelés à souffrir avec celui qui est notre Sauveur et notre modèle. «Père, glorifie ton nom.» Nous ne pouvons pas le dire dans le même sens que Jésus, mais à la distance immense qui nous sépare de lui, nous pouvons le répéter après lui : « Glorifie ton nom,, par cette affliction, par ce deuil, par ces difficultés, par ces larmes; glorifie ton nom » en me donnant le renoncement, la paix, la joie dans la soumission. Le peuple fort te glorifiera, la ville des nations redoutables te révérera, parce que tu as été la force du chétif, la force du misérable en sa détresse, le refuge contre le débordement, l'ombrage contre le hâle... et l'on dira en ce jour-là : Voici, c'est ici notre Dieu.(1) »
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, quelles que soient à notre égard les dispensations de ton amour, glorifie ton nom en chacun de nous ! Fais-nous la grâce de t'offrir nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu> ce qui est notre service raisonnable, et ce qui est aussi pour nous le meilleur moyen de montrer la sainteté de ton Évangile et la puissance de ton Esprit dans le coeur de tes rachetés. Glorifie ton nom par les épreuves que tu nous envoies, en nous donnant de les recevoir avec cette paix que le monde ne connaît pas; glorifie ton nom par les joies que tu nous accordes, en nous enseignant à les recevoir de toi et à les rapporter à toi; glorifie ton nom par notre fidélité, et par les occasions que tu nous donneras de prouver à nos frères que puisque tu nous as tant aimés, nous savons que cela nous engage à nous aimer les uns les autres pour l'amour de toi. Amen.
Ésaïe, XXV, 3, 4, 9.