Jésus pleurant sur Jérusalem. (Lire Soph., III, 1-8.)
«Quand il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle...» sur elle, et non pas sur lui, qui prévoyait pourtant quelles souffrances l'attendaient dans cette ville ingrate et rebelle; sur elle, parce qu'il savait que pour elle le jour de grâce était passé, qu'elle avait fermé les yeux à la lumière, et qu'il ne lui restait plus rien à attendre que les redoutables jugements de Dieu. Mais ce n'est pas seulement parce que Jérusalem allait être détruite et que des maux terribles menaçaient ses coupables habitants, que Jésus a versé des larmes amères; c'est parce qu'il voyait, dans toute son étendue., dans toute son horreur, la misérable condition qui était réservée dans le monde invisible à l'ancien peuple de Dieu, Hélas ! c'est celle qui attend les pécheurs endurcis quels qu'ils soient, et vers laquelle ils se précipitent; et voilà pourquoi les larmes de Jésus sont un appel et une prédication, non moins qu'une preuve de sa charité.
Jésus veut la miséricorde et non le sacrifice; aussi est-il affligé de la folie de ceux qu'il voit fermer leur coeur aux avertissements de sa grâce, et se retrancher dans cet endurcissement qui finit par ne plus laisser de lieu à la repentance; il dit en pleurant de compassion, en suppliant comme si son propre bonheur était intéressé à celui de ces malheureux : « Détournez-vous, détournez-vous de votre méchant train; et pourquoi mourriez-vous, ô maison d'Israël (1)? » Voilà l'amour de Jésus, qui devrait fondre même les coeurs de pierre.
Mais ses saintes larmes nous donnent un autre enseignement non moins essentiel. Si l'amour de Jésus est merveilleux, sa justice est tout aussi grande; il a pleuré sur Jérusalem, mais le moment venu, il n'a pas hésité à exécuter à l'égard de Jérusalem les terribles jugements qu'il lui avait annoncés. Jésus ne veut pas la mort du pécheur, mais plutôt que le pécheur se convertisse et qu'il vive; » mais il n'en est pas moins vrai que ses menaces, faites non par plaisir mais par nécessité, sont aussi fidèles et certaines que ses promesses, et se réaliseront dans leur effrayante étendue sur ceux qui auront néglige leur âme et ses intérêts.
Jésus connaît mieux encore que nous le prix de l'âme, le poids de la condamnation que le péché a attirée sur nous, et il sait à quel point il est vrai que celui qui ne se convertit pas périra. Ah ! si le trouble de notre conscience ne suffit pas à nous révéler l'horreur du péché, à nous faire redouter la colère à venir, croyons ce que Jésus nous en dit, croyons-en tout au moins ses larmes, et supplions-le de nous rendre, nous et tous les pécheurs auxquels il s'adresse, attentifs à sa voix. Il nous parle, tantôt pour nous appeler à lui, tantôt pour nous faire faire des progrès dans sa grâce; qu'il nous fasse reconnaître les choses qui appartiennent à notre paix!
PRIÉRE.
Quel amour que le tien, Seigneur Jésus! quel amour qui nous confond et non,,; humilie! Comment ne t'aimons-nous pas davantage, et ne sentons-nous pas notre coeur brûler au dedans de nous, quand nous te voyons par la foi pleurant sur Jérusalem et sur la misère de tous ceux qui auront fermé leur coeur à tes appels ! Seigneur Jésus, tendre et compatissant Sauveur, qui a tant fait pour tourner notre coeur vers toi et que nous avons si longtemps repoussé, nous te bénissons de ne t'être pas retiré de nous, et nous te supplions de nous rendre attentifs au jour de notre visitation quand tu t'approches de nous. Aie pitié maintenant encore de tant d'âmes qui méconnaissent les choses d'où dépend leur paix, et fais-leur recevoir ces choses avant qu'elles soient cachées de devant leurs yeux; nous t'en supplions pour l'amour de ton nom. Amen.
1, Ézéch., XXXIII, 11.