Entrée de Jésus à Jérusalem
C'est ici la première et même la seule occasion dans laquelle nous voyions Jésus faire dans une ville une entrée triomphale; et cette entrée précédait immédiatement son supplice, comme si ce supplice avait été l'objet de toute sa sainte ambition. Il avait beaucoup voyagé pendant les trois ans de son ministère; mais toujours a pied, comme les plus pauvres, et souvent avec beaucoup de fatigue; comment ceux qui désirent suivre son exemple pourraient-ils chercher leurs aises lorsqu'il s'agit d'aller de lieu en lieu en faisant le bien? Enfin, dans cette circonstance, il n'a plus de motifs pour cacher à ses ennemis son entrée à Jérusalem et pour éviter d'attirer l'attention; le moment est venu, le temps presse: encore un appel à cette Sion qui le repousse, encore l'accomplissement d'une prophétie : , Voici ton roi qui vient à toi, débonnaire et monté sur un âne (1). »
Les chevaux étaient rares chez les Juifs, et employés seulement par les grands personnages et en temps de guerre; en revanche, les ânes servaient fréquemment de montures même aux riches et aux souverains; aussi cette entrée de Jésus à Jérusalem avait-elle un caractère de dignité que ses contemporains ne pouvaient méconnaître, et qui frappa la multitude. Quel mélange, dans cette occasion solennelle, d'abaissement et d'élévation, de grandeur et de pauvreté! Il semble que toute la vie de Jésus y soit résumée. Jusqu'à la fin, il est pauvre; il faut qu'il emprunte un âne et fasse dire au propriétaire de cet âne que « le Seigneur en a besoin. » Et pourtant, à ce moment même éclatent son pouvoir et sa toute-science divine; il inclinera le coeur de cet homme à laisser aller son âne sans réplique, et il sait dire exactement où se trouveront attachés le poulain et sa mère. La toute-science de Jésus s'étend aux plus infimes de ses créatures; il n'en méprise, il n'en néglige aucune : apprenons à nous reposer sur sa fidèle providence, qui compte les passereaux tombant à terre et les cheveux de notre tête.
Le cortège de ce Roi débonnaire est remarquable aussi; il est grand : c'est la multitude qui l'acclame; et il est humble : ni les chefs, ni les sénateurs, ni les Pharisiens, ni les Scribes, n'en font partie; hélas!. jamais Christ n'a pu compter sur les puissances de la terre.
Recevons instruction de ces gens dont l'enthousiasme a rendu si belle et si touchante cette marche du Sauveur. Pour le moment - hélas ! oui, pour le moment; car bientôt nous les verrons faire cause commune avec leurs chefs et crier : « Crucifie-le ! » tant il est vrai que la conversion gagne seule le coeur de Jésus, tant il est vrai que les applaudissements populaires n'ont ni une grande portée ni une grande valeur; - pour le moment, ils sont émus, sincères, ils sont près du royaume des cieux, ils en voient comme une échappée. Comment se traduit leur joie? Par le dévouement; ils ôtent leurs vêtements et en forment un tapis sous les pas de Jésus; partout où Jésus se montre, il faut que tout tombe à ses pieds, fortune, affections, santé, facultés, énergie : hésiterions-nous, s'il le fallait, à nous dépouiller de toutes choses pour lui?
PRIÈRE.
Non, Seigneur Jésus; nous ne voulons pas te refuser quoi que ce soit, nous ne voulons rien garder pour nous de ce que tu peux nous appeler à donner pour ton service ; nous nous donnons nous-mêmes à toi; que n'avons-nous mille coeurs et mille vies pour te les consacrer aussi! En attendant que dans ton ciel de gloire nous jetions notre couronne à tes pieds, nous désirons ail moins te laisser disposer de nous comme tu l'entends, et nous te disons du fond de notre coeur : Parle, Seigneur, tes serviteurs écoutent; enseigne-nous à faire ta volonté, car tu es notre Dieu ; que ton bon Esprit nous conduise dans le droit chemin. Amen.
1. Zach., IX, 9.