L'aveugle de Jéricho.
Saint Matthieu nous parle de deux aveugles; saint Marc n'en mentionne qu'un, mais raconte sa guérison avec beaucoup plus de détails que n'en donne notre texte. Il est à présumer que Bartimée était plus connu que son compagnon, et que ce fut pour cela que les apôtres remarquèrent surtout la guérison que Jésus lui accorda. Du reste, c'est au récit de saint gare que nous ferons bien de nous attacher, car les détails qu'il donne dans cette occasion sont fort instructifs, et représentent exactement l'oeuvre que le Seigneur opère pour retirer une âme de son aveuglement naturel.
Le premier pas à faire dans la voie de la conversion consiste à se reconnaître pêcheur et à désirer d'être sauvé., comme l'aveugle souffrant de sa misère et souhaitant que ses yeux fussent ouverts; mais il faut que ce sentiment conduise l'aveugle au vrai médecin, et lui fasse demander ardemment la guérison et le salut. Ce n'est qu'en Jésus qu'il peut trouver l'un et l'autre, aussi a-t-il bien besoin de crier au Sauveur : «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi! » Mais, remarquons-le, quiconque adresse à Jésus cette supplication que Jésus entend toujours, a des difficultés à vaincre; il est des gens qui découragent, des gens qui voudraient détourner de la prière ceux qui commencent à prier; des gens qui redoutent de voir le nouveau disciple abandonner le monde; tous ceux-là reprennent, pour les faire taire, ceux qui crient au Sauveur. Toutefois, que fit l'aveugle? Non-seulement il n'écouta pas leurs sollicitations, mais il se mit à crier encore plus fort; voilà l'effet que doit faire sur nous l'opposition du monde. L'aveugle jeta son manteau quand Jésus l'appela.
Nous devons aussi nous débarrasser de tout ce qui pourrait nous empêcher d'aller au Sauveur avec tout l'empressement dont nous sommes capables; or, ce qui risque le plus de nous entraver, c'est notre propre justice, ce vêtement auquel nous sommes si attachés qu'il faut la puissance de la grâce de Jésus pour nous déterminer à le jeter loin de nous, et à nous présenter devant le Seigneur tels que nous sommes, absolument misérables et dénués de tout. Quand Bartimée fut en présence de Jésus et entendit le Sauveur lui dire: « Que veux-tu que je te fasse? » que répondit-il? Lui demanda-t-il l'aumône comme à tous ceux qui passaient sur le chemin? Non, il alla plus loin; il savait que Jésus pouvait faire pour lui bien au delà de ce que pouvaient les hommes, et il lui demanda hardiment d'accomplir un miracle en sa faveur. C'est là aussi ce que nous devons faire : « Que ce que nous demandons au Seigneur ne soit pas peu de chose. »
Nous avons besoin de beaucoup : nous avons besoin qu'il sauve notre âme et qu'il la sanctifie; croyons qu'il peut le faire, et croyons aussi qu'il le veut, parce qu'il veut tout ce qui est pour sa gloire et pour notre bien. Si nous croyons cela, Jésus nous dira comme à l'aveugle : « Ta foi t'a sauvé. » « Et aussitôt il recouvra la vue, et il suivait Jésus dans le chemin. » Suivre Jésus en marchant sur ses traces, voilà la conséquence naturelle et indispensable de la vraie reconnaissance; puisse le même mobile animer notre vie, et nous faire agir de la même manière.
PRIÈRE.
Nous te rendons grâces, Ô notre Dieu Sauveur, pour les précieux enseignements que la guérison de l'aveugle de Jéricho nous donne de ta part; sois béni de ce que nous savons qu'en l'accomplissant dans ta miséricorde envers cet homme, tu pensais aussi aux fruits bénis qu'elle aurait pour tous ceux qui en étudieraient le récit sous ton regard ! Tu as ouvert nos yeux sur notre misère et sur ton amour pour nous; Seigneur, achève ce que tu as commencé, et daigne nous révéler tout ce que tu veux faire pour nous et tout ce que tu attends de nous. Nous voulons suivre Jésus pour lui prouver par notre dévouement notre reconnaissance et notre foi en lui : aide-nous à le faire, et rends-nous fidèles, ô notre Dieu, pour l'amour de lui. Amen.