Le Pharisien et le péager. (Lire Dan., IX, 1-19.)
Ces deux hommes que nous voyons s'approcher du Seigneur dans des dispositions si différentes, nous représentent les deux grandes classes, dans lesquelles se partagent ceux qui font profession d'appartenir à Jésus-Christ et tiennent à honneur d'être appelés ses disciples. Ces deux classes, ce ne sont pas deux églises; et ce qui les sépare, ce n'est pas une différence de croyance; c'est une différence de coeur et de sentiment, mais une différence capitale.
Les uns se reconnaissent pécheurs, non pas seulement parce que tout le monde est pécheur, mais parce qu'ils sentent qu'eux-mêmes commettent très-souvent le péché; les autres admettent peut-être que ce qu'ils font n'est pas toujours bien, parce que personne n'est parfait, mais, en ce qui les concerne individuellement, ils ne sentent pas leur état de péché, et sont au contraire persuadés que ce qu'ils font de bien surpasse de beaucoup ce qu'ils font de mal.
De là à se croire meilleur que le reste des hommes il n'y a qu'un pas, et, ce pas franchi, on n'est pas loin de s'élever devant Dieu en se croyant digne de sa faveur et à l'abri de ses châtiments. Or, ceux qui sont ainsi satisfaits d'eux-mêmes ne sont pas justifiés, dit Jésus., et il est facile de le comprendre; ne sentant pas le besoin d'un Sauveur, ils ne vont pas à Christ pour obtenir le pardon et la vie, et « leur péché subsiste,» ce péché qu'ils jugent sans importance, auquel ils ne pensent même pas! La vie du Pharisien de la parabole était ce qu'on peut appeler une vie parfaitement honorable; pas de péchés grossiers., une certaine piété, une générosité qui ferait honte à bien des chrétiens : et non-seulement tout cela ne lui servit de rien., mais encore, à cause de l'orgueil que ses actions lui inspiraient, « ses prières mêmes lui tournèrent en piège. »
Mais que béni soit Dieu de nous avoir conservé, dans l'histoire du péager, un exemple de ce qu'est la vraie humilité, qui conduit à la repentance, la vraie foi, qui va au Seigneur comptant sur sa grâce, et la vraie prière, qui est toujours sûre d'être exaucée! Béni soit Dieu de ce que le pécheur froissé et brisé est assuré de trouver son Sauveur, et d'entendre sortir de sa bouche cette douce parole : « Va en paix, tes péchés te sont pardonnés! » Ce bienheureux péager! Il avait été un grand pécheur; mais pour s'être reconnu tel, non pas des lèvres, mais dans le fond de sa conscience et dans le secret de sa communion avec Dieu, il fut « justifié préférablement à l'autre. »
Ah! si ceux qui retiennent comme des vêtements de grands prix les lambeaux de leur propre justice, savaient de quoi ils se privent en refusant la robe blanchie dans le sang de l'Agneau sans laquelle on ne peut entrer dans la salle des noces, ne se hâteraient-ils pas de confesser qu'ils sont «malheureux, misérables, pauvres, « aveugles et nus? »
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, quel aveuglement que celui d'une âme qui préfère à toi et à ta grâce toute gratuite cette propre justice qui n'est que comme le linge le plus souillé! Qu'aucun de nous ne soit assez insensé pour suivre, ne fût-ce que de loin, l'exemple du Pharisien! Humilie-nous comme le péager, Seigneur Jésus; fais-nous sentir notre misère, fais-nous connaître nos transgressions et nos péchés, et amène-nous chaque jour par la repentance, par une repentance profonde, au pied de ta croix, pour y être arrosés du sang qui sauve et purifie. 0 Dieu! sois apaisé envers nous pécheurs! nous ne méritons rien que ta colère et tes châtiments ; nous ne possédons rien en propre que le péché; mais nous nous présentons devant toi tels que nous sommes, parce que nous savons qu'il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Béni sois-tu de nous l'avoir donné pour Sauveur! Amen.