Parabole du juge inique.
L'exposition du but de cette parabole précède la parabole elle-même; l'évangéliste prend soin de nous dire que Jésus la prononça « pour montrer qu'il faut toujours prier et ne se relâcher point. » Il faut prier. La prière fait partie de nos privilèges, mais elle fait aussi partie de nos devoirs, et si nous la négligeons, nous tombons dans le péché. Il faut prier toujours, » parce que nous avons toujours besoin de prière. Jour après jour, heure après heure, nous avons à accomplir une oeuvre et à soutenir une lutte pour lesquelles si le secours de Dieu nous suffit, il nous est indispensable, et celui que nous demandons et recevons dans tel moment n'est pas celui dont nous aurons besoin dans tel autre. Il faut donc prier sans cesse. « et ne se relâcher point; » voilà ce que Jésus semble avoir eu spécialement en vue dans cette parabole : la persévérance, le courage dans la prière, surtout dans les prières qui se rapportent à nos intérêts spirituels, à celles qui demandent le secours du Seigneur contre les ennemis de notre âme. « Fais-moi justice de ma partie adverse. »
Il plaît quelquefois au Seigneur de nous obliger à lui demander souvent une grâce qu'il sait nous être nécessaire, et qu'il est par conséquent dispose à nous donner. Son but en nous la faisant attendre ne nous est pas connu; nous savons seulement que_ fout ce qu'il fait, il le fait dans son amour, et cela doit nous suffire; mais nous n'en avons pas moins besoin d'être assurés que si le Seigneur tarde à venir, il viendra cependant, et qu'il ne veut pas que nous cessions de l'appeler.
Avoir à répéter jour après jour les mêmes supplications : Seigneur, qui as vaincu et qui nous promets la victoire, délivre-moi de cette tentation; délivre-moi de l'empire de ce péché que je déteste; accorde-moi la patience dont j'ai besoin et qui me manque; soumets-moi à ta volonté qui, dans cette circonstance, me paraît si dure à accepter, - c'est une épreuve et une difficulté pour notre esprit si peu persévérant, surtout dans les choses spirituelles; et pourtant il faut persévérer, parce que ce n'est qu'à la persévérance, autre forme de la foi, que le Seigneur fait les promesses. Mais aussi par quels encouragements il nous y excite ! Il nous montre qu'il n'est rien dont la persistancenevienne à bout.
Si les importunités d'une pauvre veuve qui n'avait personne pour la soutenir dans ses demandes, ont fini par triompher de l'apathie d'un juge inique qui ne craignait ni Dieu ni les hommes, combien plus les sollicitations des élus de Dieu ne prévaudront-elles pas auprès d'un Père juste qui prend un tendre soin de ses enfants, et surtout de ceux qu'il voit dans la détresse? « Allons donc avec confiance au trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde... pour être secourus dans le temps convenable. »
PRIÈRE.
Oui, Seigneur, nous nous approchons avec confiance du trône de ta grâce, parce que nous savons que tu demandes nos prières et que tu veux les exaucer; mais pardonne-nous d'avoir souvent si peu d'ardeur, et de savoir si peu ce que c'est que de te ravir des grâces spirituelles. Nous nous lassons bien plus vite de t'implorer que toi de nous entendre. Oh! mets en nous le sentiment qui était en Jacob lorsque, après sa lutte avec l'ange, il disait : Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni! Pour cela, Seigneur, daigne nous faire secouer notre torpeur spirituelle ; élève-nous au-dessus de la terre, et donne-nous de nous affectionner aux choses qui sont en haut, où Christ est assis à ta droite, priant pour nous faire recevoir les grâces dont nous avons tellement besoin. Entends-nous pour l'amour de lui, et nous exauce du trône de ta gloire. Amen.